Dans les cinémas : Marnie de Nico Muhly

- Publié le 8 novembre 2018 à 18:39
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Héritier de la génération des Philip Glass, Steve Reich et John Adams, Nico Muhly s'affirme, à trente-sept ans, comme une des personnalités les plus originales et les plus prolixes de la création musicale américaine. Le Met de New York affiche ce mois-ci son opéra Marnie, que le public français pourra découvrir ce samedi, en direct dans les cinémas.

On compte sur les doigts d’une main les compositeurs vivants qui ont eu l’honneur de voir deux de leurs opéras présentés par le Met de New York. Après ses compatriotes Philip Glass (né en 1937) et John Adams (né en 1947), après le Britannique Thomas Adès (né en 1971), le cadet Nico Muhly (né en 1981) rejoint ce mois-ci cette cohorte. Créé à Londres il y a tout juste un an, Marnie s’apprête à conquérir le public de Manhattan qui, en 2013, a déjà réservé le meilleur accueil à Two Boys.

Muhly comme son librettiste Nicholas Wright insistent : leur nouvel ouvrage s’inspire davantage du roman éponyme de Winston Graham paru en 1961, que du film d’Hitchcock qui l’a rendu célèbre (intitulé chez nous Pas de printemps pour Marnie, avec l’inoubliable Tippi Hedren). L’histoire d’une grande névrosée, kleptomane, mystifiant ses employeurs au gré de ses multiples changements d’identité, dans l’Angleterre corsetée des années 1950. On est loin de l’univers de Two Boys qui, à l’heure d’Internet, explorait la relation ambiguë et morbide entre deux adolescents ; quoique Jake, un des héros malheureux de cet opéra 2.0, arrivât lui aussi à ses fins en se dissimulant, sur la Toile, derrière divers pseudonymes. « Ces falsifications sont l’essence du théâtre », nous dit Nico Muhly dans le studio new-yorkais où il nous reçoit. « Voyez Così fan tutte : le public est prié de croire que Fiordiligi et Dorabella croient au travestissement de leurs propres amants ! Così est le modèle auquel je pense chaque fois que j’écris un opéra. »

Aucune réminiscence mozartienne, cependant, dans la manière du jeune musicien, qui s’est plutôt abreuvé à la source de ses aînés américains. Né d’un père cinéaste et d’une mère plasticienne, Nico Muhly a grandi à Providence, une des plus vieilles cités de Nouvelle Angleterre. Il y prit, à dix ans, ses premières leçons de piano, tout en fréquentant le chœur d’une église épiscopale (rattachée au culte anglican). Puis c’est à la Juilliard School de New York qu’il eut le loisir de parfaire sa formation musicale, étudiant la composition avec John Corigliano et Christopher Rouse.

Lire la suite du portrait de Nico Muhly dans le n° 673 de Diapason, actuellement en kiosques.

A voir : Marnie.

Avec Isabel Leonard, Christopher Maltman, Iestyn Davies, Denyce Graves, Orchestre du Met de New York, Robert Spano. Mise en scène : Michael Mayer. En direct dans les cinémas le 10 novembre.

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