La mise en scène épurée et réaliste de Samson et Dalila à Strasbourg

La nouvelle production de Samson et Dalila à l'Opéra national du Rhin -  Klara Beck
La nouvelle production de Samson et Dalila à l'Opéra national du Rhin - Klara Beck
La nouvelle production de Samson et Dalila à l'Opéra national du Rhin - Klara Beck
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Pendant ce temps-là, l'Opéra national du Rhin donne Samson et Dalila de St-Saëns sur la scène de l'Opéra de Strasbourg depuis le 16 octobre (puis à Mulhouse le 6 et 8 novembre). Strasbourg qui n'est pour l'instant pas touché par les mesures de couvre-feu...

Cette nouvelle production de Samson et Dalila est signée par Marie-Eve Signeyrole.
Il existe deux façons d’aborder la mise en scène d’opéra. La première consiste à proposer un travail fidèle au livret, paraphrase ou premier degré, qui va par exemple se dérouler à l’époque de l’oeuvre. Nous pensons ainsi à une Bohème avec la reconstitution des Grands Boulevards du début du XXe siècle et sa mansarde mal chauffée. Et puis il y a la seconde façon qui procède du détournement, qui prend le coeur de l’oeuvre pour l’amener ailleurs. C’est cette même Bohème, transposée deux siècles plus tard dans une station orbitale.

Pour ce Samson et Dalila, Marie Eve Signeyrole a transposé l’intrigue du livret de 1877. Tout en restant fidèle au propos, elle a débarrassé Samson de sa dimension herculéenne pour en faire un homme ordinaire mais qui possède une force mentale extraordinaire. Comme elle nous l’expliquait, ce Samson est “moins péplum, plus réaliste. Ma ligne de conduite, ce n’est pas de rendre l’oeuvre plus accessible, parce qu’elle l’est, mais de rapprocher ces personnages de nous. Ils nous ressemblent.”

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De fait, son Samson, interprété ici par Massimo Giordano, issu du peuple, se rebelle face au pouvoir des Philistins à la tête d’un mouvement d’insurgés. Il se retrouve grimé en clown comme les forces d’opposition au Chili ou en Ukraine, et il est handicapé.
Rien à voir avec le colosse aux grands exploits. Toutefois il est capable de soulever un peuple, c’est ce qui compte.
 

Comment Marie-Eve Signeyrole a organisé la bacchanale, ce grand moment de folie scénique ?

La grande question de mise en scène quand on songe à cette oeuvre, c’est la célèbre bacchanale, avec choeurs, danseurs et figurants plus les solistes. Marie-Eve Signeyrole a l’habitude de travailler les masses et les foules. Elle avait coaché les 120 enfants du Monstre du labyrinthe avec une patience d’animatrice, lorsque nous l'avions vu en répétition à Aix-en-Provence, il y a cinq ans.
C’est là que la contemporanéité recherchée vient cogner la mise en scène. Covid oblige, Signeyrole a dû parsemer les éléments du chœur dans la salle et ne laisser la scène qu’aux figurants et solistes. Cela créé indéniablement moins de bazar et permet d’identifier le choeur comme répondant depuis la salle aux chanteurs. “Je n’ai aucun regret du point de vue musical et cela donne une mise en scène plus stylisée, j’ai dû épurer, c’est un exercice de style. A l’opéra nous sommes toujours obligés de nous adapter”, assure la cinéaste.
C’est après des études de cinéma et en voulant réaliser un documentaire sur les coulisses de l’Opéra de Paris que Marie-Eve Signeyrole a été mordue par le lyrique. Elle raconte : “J’ai été bluffée par la capacité de l’opéra à faire du live. On y retrouve la même technicité que sur un plateau de cinéma mais en direct. De plus, le dieu musique fait que vous n’êtes pas maître du jeu, tous les arts se partagent sans qu’ils prédominent. On touche l’exception à chaque représentation. J’ai voulu faire partie de ça.”

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