Beethoven à Amsterdam, au coeur du travail éditorial 

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L’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam honore l’année Beethoven avec un magistral coffret d’enregistrements historiques des symphonies sous des baguettes aussi légendaires que virtuoses : Leonard Bernstein, Nikolaus Harnoncourt, Carlos Kleiber. L’orchestre amstellodamois est également l’un des orchestres les plus actifs au niveau éditorial via son propre label. Crescendo a voulu en savoir plus et entrer au coeur du fonctionnement de ce pan de l’activité de la légendaire phalange hollandaise. Rencontre avec Lodewijk Collette, responsable éditorial et Daniël Esser, ancien violoncelliste de l’orchestre et conseiller sur ces parutions. 

L'Orchestre Royal du Concertgebouw d'Amsterdam (RCOA) fait paraître un coffret historique avec neuf chefs d'orchestre différents dans les 9 symphonies de Beethoven. Comment l'ADN du Concertgebouw est-il lié aux symphonies de Beethoven ? 

Il existe une ligne -assez directe- entre l’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam et Beethoven via son chef d'orchestre Willem Mengelberg. Il a reçu des leçons de direction d'orchestre de Franz Wüllner (1832 - 1902). Ce musicien très influent avait lui-même appris son idiome et son univers avec Anton Schindler (1810-1856), l'apprenti et le secrétaire de Beethoven (et aussi son premier et peu fiable biographe). Mengelberg a utilisé ces connaissances, qui consistaient en annotations de Wüllner, reportées dans ses propres partitions. Ce qui a eu une influence directe sur ses propres interprétations de Beethoven. Cela a donné lieu à de nombreux cycles de Beethoven au cours de sa carrière de chef d'orchestre et, plus tard, sous la direction des générations suivantes de chefs d'orchestre du Concertgebouw, ce lien s’est poursuivi. 

Par vos nombreuses écoutes des enregistrements issus des archives et par votre connaissance de l'histoire de l’orchestre, pouvez-vous nous dire ce qui fait l’ADN du RCOA dans Beethoven ? 

 L'influence décrite ci-dessus, mais certainement aussi la façon méticuleuse et caractéristique dont son chef d'orchestre Mengelberg a traité Beethoven. Et parce que la manière de jouer de l'orchestre a été transmise par les directeurs musicaux et les chefs invités. 

Je suppose que le choix des interprétations est difficile compte tenu de l'histoire prestigieuse de l'orchestre. Cependant, je remarque que le plus ancien enregistrement date de 1978. Pourquoi n'avez-vous pas sélectionné des enregistrements plus anciens ? 

 Dans l'anthologie du RCOA sur laquelle nous avons travaillé au cours des dernières décennies et qui a est publiée en coffret décennaux, nous avons inclus des enregistrements de grands chefs d'orchestre du passé, tels que Wilhelm Furtwängler, Erich Kleiber et Joseph Krips. Pour ce coffret Beethoven, nous avons décidé, en raison aussi de la mauvaise qualité des premiers enregistrements radio, de nous concentrer sur les années "ultérieures".

Les chefs invités de l'orchestre sont  majoritaires  et le regretté Mariss Jansons est le seul directeur musical présent dans le coffret. Ce choix était-il délibéré ? 

Nous nous sommes limités à des enregistrements radiophoniques de bonne qualité, ce qui a tout exclu jusqu'en 1955 environ. Et après les années 60, tous les chefs d'orchestre n'ont pas joué toutes les symphonies de Beethoven ; plus tard, les symphonies de Beethoven qu'ils ont dirigées n'ont pas toujours été enregistrées.

De toutes les interprétations du coffret. Avez-vous l’un ou l’autre enregistrement préféré ? 

Bien sûr ! Lodewijk Collette a été très enthousiaste dès le début pour la Symphonie n°3 dirigée par Harnoncourt et la Symphonie n°7 sous la baguette de Carlos Kleiber. Daniel Esser, en tant qu'ancien violoncelliste du RCO, guidé par ses souvenirs, a aimé la Symphonie n°4 avec Herbert Blomstedt, la Symphonie n°6 de Roger Norrington et, bien sûr, la Symphonie n°9 d’Antal Dorati. Cela rend certainement d'autres enregistrements inclus dans la boîte non moins convaincants.

Le RCOA a été l'un des premiers orchestres à lancer son propre label et votre travail éditorial est devenu un modèle et une inspiration pour d'autres orchestres dans le monde entier. Avez-vous déjà d'autres projets en vue ? 

Nous travaillons sur une Anthologie d'Harnoncourt (coffret de 15 CD) et un prochain volume de l'Anthologie décennale du RCOA (le Volume n° 8 qui couvrira les années 2010-2020) nous traverse l'esprit.

Le site de l'Orchestre royaldu Concertgebouw d'Amsterdam : : www.concertgebouworkest.nl

  • A écouter 

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Intégrale des symphonies. Roberta Alexander, soprano ; Jard van Nes, mezzo-soprano ; Horst Laubenthal, ténor ; Leonard Mroz, basse. Choir of the Concertgebouworkest, Royal Concertgebouw Orchestra Amsterdam, David Zinman (n°1), Leonard Bernstein (n°2), Nikolaus Harnoncourt (n°3), Herbert Blomstedt (n°4), Mariss Jansons (n°5), Roger Norrington (n°6), Carlos Kleiber (n°7), Philippe Herreweghe (n°8) et Antal Dorati (n°9). Enregistré entre 1978 et 2010. Livret en anglais, allemand, français et néerlandais. 1 coffret de 5 CD RCO 19005.

Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot

Crédits photohraphiques  : Renske Vrolijk

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