Esma Redžepova, la voix bouleversante de la musique tsigane : épisode • 1/6 du podcast Les voix féminines engagées de la musique traditionnelle

La chanteuse Esma Redžepova en 2013 ©Getty -  Jörg Carstensen
La chanteuse Esma Redžepova en 2013 ©Getty - Jörg Carstensen
La chanteuse Esma Redžepova en 2013 ©Getty - Jörg Carstensen
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Reine de la musique tsigane, voix des Balkans ou encore reine des gitans, Esma Redžepova a été reconnue comme une des grandes voix de la communauté rom même si tout au long de son parcours, elle fut victime de racisme et parfois de rejet de la part de son peuple.

C'est une chanteuse haute en couleurs, jusqu’à sa manière de s’habiller. Esma Redžepova ne quittait jamais un de ses 300 turbans et elle mélangeait les styles, portait des bijoux et un maquillage vif et coloré. Tout ça, c’est de l’ordre du détail, puisque Esma Redžepova c’est avant tout une voix. 

Une voix qui vient de Yougoslavie. Esma Redžepova est née en 43 à Skopje, ville devenue capitale de la Macédoine. Ce qui imprègne la vie et la personnalité de cette chanteuse c’est surtout sa culture rom. Elle est l’avant-dernière d’une famille de six enfants où elle entend son père chanter et jouer du tambour pour différents événements. 

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Très jeune, elle rejoint un groupe folklorique de son école où elle apprend à danser et à chanter des musiques roms et des musiques traditionnelles de son pays. 

Une voix qui ne passe pas inaperçu

Grâce à la radio elle se fait connaître : la jeune chanteuse participe à une radio-crochet appelée “le microphone est à vous” où elle interprète une chanson rom en romani, ce qui est exceptionnel à l’époque, et sa voix ne passe pas inaperçu : elle reçoit le premier prix et les encouragements d’un homme qui va l’accompagner toute sa vie : Stevo Teodosievski.

Il l’envoie étudier le chant à Belgrade et l’intègre à son groupe de musiques folkloriques. Pendant cette période de sa vie, elle fuit la communauté rom : Esma Redžepova est une femme non mariée, qui chante en public, sur scène, ce qui tout à fait contraire à la tradition tsigane. Elle ne renie cependant pas ses origines, au contraire, elle les revendique haut et fort dans ses chansons comme dans Dzelem dzelem, chant devenu pour Esma l’hymne des gitans du monde entier. 

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En effet à partir du début des années 60 la carrière de la chanteuse décolle à l’étranger. A partir de 1961, Esma Redžepova se retrouve sur les scènes du monde entier, et c’est cet élan qui va la réconcilier avec la culture rom puisqu’enfin une chanteuse rom partage sa culture avec un large public, crie son amour pour les gitans et les gitanes et partage toute l’émotion des difficultés auxquelles son peuple est confronté, notamment les femmes roms. 

Une vie de solidarité

Quand elle interprète le chant déchirant Hajri ma te dike, Esma Redžepova se voile le visage en noir, et elle joue la comédie d’une femme désespérée tout en chantant : 

Maudite sois-tu ma mère qui m’a marié avec un gitan de la campagne. Ils travaillent tant et mangent si peu, je suis si jeune et je pleure tous les jours, je dors sur les planches et je mange très peu. 

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Sans détour, ce chant parle des mariages forcés qui arrivent très tôt dans la communauté rom,. Toute sa vie Esma Redžepova va se battre pour les droits des femmes roms. Ce ne sera pas son seul combat. Avec son mari, elle décide d’accueillir et d’adopter tous les enfants orphelins qu’ils croisent sur leur route et qui jouent d’un instrument de musique. En tout cas, il y en aura 47. Et même si le couple ne va pas s’occuper de chaque enfant, ces derniers seront hébergés, nourris, soignés et auront accès à la pratique musicale. 

La chanteuse disait que la chanson nous protège de tous les maux. Elle s’est éteinte le 11 décembre 2016 mais elle laisse un répertoire de quelques centaines de chansons dont on va bien avoir besoin ces prochains temps… 

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