Fusionner ou ne pas fusionner, telle est la question

Le Théâtre Graslin, « la maison » d’Angers Nantes Opéra - Jeff Rabillon
Le Théâtre Graslin, « la maison » d’Angers Nantes Opéra - Jeff Rabillon
Le Théâtre Graslin, « la maison » d’Angers Nantes Opéra - Jeff Rabillon
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À l'instar d'Angers-Nantes Opéra, les projets de fusions dans le secteur musical semblent encore avoir le vent en poupe... Christian Merlin s'intéresse à ces établissements bicéphales atypiques.

Les structures bicéphales, avantage ou inconvénient ? Commençons par distinguer entre les structures bicéphales dès l’origine et celles qui le sont devenues. L’Orchestre des Pays de la Loire a été dès sa création en 1971 réparti sur deux sites, Nantes et Angers, c’est donc un orchestre avec deux formations qui se rejoignent plusieurs fois par an pour des projets symphoniques. C’est un entre deux un peu hybride, mais je voudrais souligner le mérite énorme du directeur musical sortant Pascal Rophé qui a développé l’identité collective.

Le lyrique c’est autre chose, puisqu’il y avait un opéra de Nantes et un opéra d’Angers jusqu’en 2003, date à laquelle Jean-Paul Davois a créé le syndicat mixte Angers-Nantes Opéra, qui était vertueux pour mettre en commun et renforcer les moyens mais n’est pas simple car on est très dépendant de l’implication de chaque ville, par exemple quand Angers a menacé en 2016 de baisser sa subvention d’un million d'euros sous prétexte que Nantes était favorisé.
Quand l’actuel directeur Alain Surrans a été nommé en 2018, il avait entre autres mission de retrouver un modus vivendi, mais aussi de préparer la synergie avec l’Opéra de Rennes dont il assurait précédemment la direction avec beaucoup de talent. Mais là encore on reste dans l’entre-deux, au niveau d’une collaboration étroite entre les deux maisons sur quatre productions communes par saison, sans aller pour l’instant jusqu’à la fusion qui est toujours une décision politiquement délicate.

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Mais fusion ne signifie pas nécessairement perte. Cela peut être aussi un enrichissement et j’attends beaucoup d’un projet dont je serai forcément amené à vous reparler car il n’en est qu’au tout début, c’est celui de la région Normandie consistant à fusionner l’Orchestre de l’Opéra de Rouen et l’Orchestre régional de Normandie, Au début cela fait grincer des dents comme toujours car on craint pour son identité, pour son emploi et aussi pour l’équilibre politique de la grande région entre Haute et Basse Normandie, mais pour moi, s’il est bien pensé sur le plan de l’organisation, ce projet est au contraire riche de promesses et d’ambition artistique, car on ne m’ôtera pas de l’idée qu’on peut faire plus de choses avec un orchestre de 60 musiciens qu’avec un de 40 et un de 18 comme c’est actuellement le cas.

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