Jonas Kaufmann s’alarme de voir partout « des salles à moitié vides »

- Publié le 17 mai 2022 à 11:20
Jonas Kaufmann s’alarme de voir partout « des salles à moitié vides »
En marge de représentations de Lohengrin à Melbourne, le ténor a exprimé son inquiétude quant à l’avenir de l’opéra.

C’est une petite musique que les professionnels entonnent depuis un certain temps, un peu partout. Après les confinements successifs, le public n’est pas totalement revenu dans les maisons d’opéra. Les représentations ne font plus, pour la majorité, salle comble. À une semaine de la première, parfois, les réservations n’occupent pas le quart des places disponibles.

Et ce n’est pas une exception française, comme le signale Jonas Kaufmann au quotidien australien The Age. Lui qui se produit partout dans le monde – il chante en ce moment le rôle-titre de Lohengrin à Melbourne – l’a observé un peu partout : en Europe, « même les plus grandes maisons, les plus puissantes, la Staatsoper de Vienne, celles de Munich, Berlin, etc., toutes ont du mal à vendre des billets et font jouer des productions devant des salles à moitié vides. » Une situation qui, selon le ténor, « ne peut pas durer très longtemps. »

Le rêve d’un opéra populaire

« Nous devons faire quelque chose », clame celui que le New York Times sacrait l’an dernier « la star masculine la plus rentable à l’opéra aujourd’hui ». Et si la crise liée au Covid-19 est en cause, elle n’est pas la seule qui ait contribué à détourner le public de l’opéra : « Dans le passé, l’âge d’or avant la pandémie, nous ne faisions pas attention à divertir les gens. Nous cherchions plutôt à être aussi exceptionnels, aussi extravagants, aussi avant-gardistes que possible dans cette forme d’art. Je l’ai dit dans le passé, et je le répète aujourd’hui : il est nécessaire de comprendre que nous faisons [de l’opéra] pour les gens. Il est nécessaire d’arriver à un résultat où tout le monde est content et diverti. » En d’autres termes, l’opéra doit s’offrir à tous.

Ainsi, Jonas Kaufmann estime que l’essentiel n’est pas de « mettre l’histoire sens dessus dessous », mais de « trouver autant de couches que possible sans détruire la surface » – une manière de tacler les mises en scène qui rendent incompréhensible l’intrigue qu’elles devraient narrer au public ?

Et le ténor n’oublie pas la question épineuse des tarifs : l’opéra ne devrait pas, selon lui, être un luxe inabordable, mais, résument nos confrères de The Age, « aussi bon marché qu’une place de cinéma ». Et l’artiste de conclure : « C’est du spectacle vivant, et tout peut arriver. C’est quelque chose d’incomparable. »

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