L’opéra italien bientôt inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco ?

- Publié le 17 mai 2022 à 16:17
L’opéra italien bientôt inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco ?
Il était logique que la patrie de Monteverdi, Vivaldi, Rossini, Verdi, Puccini et Berio défende son inscription au patrimoine immatériel de l'Unesco.

Avec cette candidature décidée fin mars, « l’Italie vise à faire reconnaître l’une de ses expressions culturelles les plus authentiques et originales », déclare le ministre de la Culture italien Dario Franceschini. Et de citer en exemple le « Va pensiero » que Verdi mettait dans la bouche des esclaves hébreux de son Nabucco, dont les Italiens avaient fait un chant de révolte contre la domination autrichienne, et que le chœur de l’Opéra d’Odessa, défilant dans les rues de la cité ukrainienne le 13 mars dernier, entonnait en brandissant le drapeau national : « preuve supplémentaire que le chant lyrique italien fait partie intégrante du patrimoine culturel de l’humanité, qui y recourt dans les heures les plus sombres pour retrouver lumière, force et beauté ».

Pourquoi l’opéra… italien?

« Mais pourquoi l’opéra italien serait-il plus légitime à entrer au patrimoine immatériel de l’humanité que ses homologues français ou allemand ? », s’interrogent nos confrères du Figaro ? Parce que « l’opéra est né en Italie, c’est incontestable », commente Stéphane Lissner, ancien directeur de l’Opéra de Paris et désormais à la tête du Teatro San Carlo de Naples,. « Si l’on regarde Monteverdi par exemple, si l’on regarde Venise [où sont apparus les premiers théâtres lyriques ouverts au public payant], le chant italien est incontestablement le début de l’opéra c’est là qu’il est né », poursuit-il. Pour lui, « l’Italie est à part, les théâtres italiens sont à part […] et si vous allez dans les villages, je ne parle même pas de villes, vous trouvez des petits théâtres ! ». Avec une bonne soixantaine de salles d’opéras, la péninsule détient un record mondial. Et quelle vitalité ! Au seul San Carlo de Naples, c’est plus de quatre cents créations lyriques qui ont été présentées au cours XVIIIsiècle.

Un art populaire ?

Par ailleurs, c’est aussi, toujours selon Stéphane Lissner, « le chant italien [qui] suscite la plus grande émotion chez les amateurs d’opéra ».  Le baryton Gabriele Viviani salue de son côté « une forme d’art qui favorise la paix dans le monde ». « Je pense que le chant italien a ce petit truc en plus qu’est la sensibilité dans l’expression des émotions », ajoute-t-il, « c’est ce qui donne vie aux personnages, aux sensations, aux émotions, tant pour le public que pour l’interprète ».

Dans le pays de Verdi et de Nino Rota, la musique lyrique « n’est pas seulement réservée à l’élite », précise de surcroît Stéphane Lissner. Même s’il déplore, comme tout récemment Jonas Kaufmann, que les maisons d’opéra aient « délaissé le public populaire, qui n’est plus en mesure de payer certains prix de places ». D’autant que, selon une spectatrice, « Puccini, Rossini, Bellini, Donizetti… les émotions que ces compositeurs nous procurent sont universelles, elles dépassent l’histoire, les frontières. » L’Unesco sera-t-il de cet avis ? Réponse d’ici à la fin de l’année.

.

Diapason