Sous l’appellation "grands concertos", on désigne les concertos du répertoire, c’est-à-dire ceux qui sont régulièrement joués en concert, et qui ont été composés à l’époque romantique et au-delà. Ils sont donc le plus souvent exécutés avec un grand orchestre symphonique, à la différence des concertos classiques (Mozart ou Haydn) dont l’accompagnement est écrit pour un plus petit orchestre. Ils sont en outre plus longs que ces derniers : les grands concertos durent en général entre 25 et 40 minutes.
Sans en établir une liste exhaustive, il s’agit ici de se pencher sur des concertos susceptibles d’être choisis par les candidats pour la finale, des œuvres suffisamment riches instrumentalement et musicalement pour permettre aux jeunes violoncellistes de montrer toutes leurs qualités. Notre sélection en comporte une douzaine, dans l’ordre chronologique de leur composition : Schumann, Saint-Saëns, Lalo, Tchaïkovski, Dvořák, Elgar, Prokofiev, Chostakovitch, Dutilleux et Lutosławski.
Après une courte présentation, il s’agira de comprendre si tel ou tel concerto peut prétendre au statut de star, ou s’il doit être rangé dans la catégorie des mal-aimés…
Concerto en la mineur, op. 129 de Robert Schumann,
Composé en 1850, le Concerto en la mineur, op. 129 de Robert Schumann est non seulement le premier grand concerto romantique pour le violoncelle, mais aussi le premier concerto important depuis ceux de Haydn (1762 et 1783) et de Boccherini (avant 1780).
Alors que pour le répertoire soliste du violon il existe une continuité de Haydn à Brahms, on note ainsi, pour le violoncelle, une interruption de 70 ans ; car contrairement au violon et au piano, le violoncelle peine à s’imposer comme instrument véritablement soliste. Les concertos de Haydn sont des exceptions ; quant à ceux de Boccherini, ils sont composés d’abord pour lui-même par un violoncelliste virtuose.
Le Concerto de Schumann a été composé en seulement deux semaines ! Mais les deux violoncellistes à qui Schumann présente son œuvre ne sont pas très enthousiastes, lui faisant reproche de ne pas mettre en valeur les qualités de virtuose du soliste. Ce qui est du reste justifié, puisque Schumann avait écrit à sa femme Clara : "Je ne peux pas écrire un concerto pour les virtuoses, je dois essayer autre chose". Sa composition s’intitule d’ailleurs Konzertstück (pièce de concert), et adopte une forme originale pour l’époque : ses trois mouvements enchaînés en font une sorte de fresque sonore qui se libère de la forme rigide du concerto.
Est-ce pour cette raison, ou parce qu’il n’avait pas trouvé un violoncelliste prêt à s’investir dans cette nouvelle composition ? Toujours est-il que Schumann eut du mal à faire éditer son concerto, qui sera finalement créé quatre ans après sa mort. L’œuvre ne connaîtra que peu de succès au cours des années suivantes, et il faudra attendre que Pablo Casals, en 1920, la mette à son répertoire : le concerto de Schumann devient alors une star des concerts… et également des concours ! Il a été choisi cette année par sept candidats, et nous l’entendrons deux fois en finale.