Concours Reine Elisabeth

Concours Reine Elisabeth : les grands concertos de la finale, stars ou mal-aimés des concours internationaux ?

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Par Anne Hermant

C’est cette semaine, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, que se déroule la finale du Concours Reine Elisabeth, dédié pour la seconde fois au violoncelle. Cette année, 66 jeunes violoncellistes venus du monde entier ont été sélectionnés, et 12 ont accédé à la finale. Chaque soir, deux finalistes présenteront la pièce de Jörg Widmann, spécialement composée pour le concours, ainsi qu’un grand concerto qu’il aura choisi. Ce choix est tout à fait libre, il n’y a pas de liste préétablie.

Lors de la finale de 2017, trois concertos ont été joués : celui de Schumann (deux fois), celui de Dvořák (quatre fois), et le Concerto n° 1 de Chostakovitch (six fois !). Pourquoi seulement trois concertos alors que le répertoire du violoncelle est pourtant beaucoup plus vaste ? Est-ce un hasard ou y a-t-il de bonnes raisons à cela ? Pourquoi certains concertos sont-ils les “stars” des concours quand d’autres restent les “mal-aimés” ? C’est ce que nous allons tenter d’expliquer ici.

Les "grands concertos"

Sous l’appellation "grands concertos", on désigne les concertos du répertoire, c’est-à-dire ceux qui sont régulièrement joués en concert, et qui ont été composés à l’époque romantique et au-delà. Ils sont donc le plus souvent exécutés avec un grand orchestre symphonique, à la différence des concertos classiques (Mozart ou Haydn) dont l’accompagnement est écrit pour un plus petit orchestre. Ils sont en outre plus longs que ces derniers : les grands concertos durent en général entre 25 et 40 minutes.

Sans en établir une liste exhaustive, il s’agit ici de se pencher sur des concertos susceptibles d’être choisis par les candidats pour la finale, des œuvres suffisamment riches instrumentalement et musicalement pour permettre aux jeunes violoncellistes de montrer toutes leurs qualités. Notre sélection en comporte une douzaine, dans l’ordre chronologique de leur composition : Schumann, Saint-Saëns, Lalo, Tchaïkovski, Dvořák, Elgar, Prokofiev, Chostakovitch, Dutilleux et Lutosławski.

Après une courte présentation, il s’agira de comprendre si tel ou tel concerto peut prétendre au statut de star, ou s’il doit être rangé dans la catégorie des mal-aimés…

Concerto en la mineur, op. 129 de Robert Schumann,


Composé en 1850, le Concerto en la mineur, op. 129 de Robert Schumann est non seulement le premier grand concerto romantique pour le violoncelle, mais aussi le premier concerto important depuis ceux de Haydn (1762 et 1783) et de Boccherini (avant 1780).

Alors que pour le répertoire soliste du violon il existe une continuité de Haydn à Brahms, on note ainsi, pour le violoncelle, une interruption de 70 ans ; car contrairement au violon et au piano, le violoncelle peine à s’imposer comme instrument véritablement soliste. Les concertos de Haydn sont des exceptions ; quant à ceux de Boccherini, ils sont composés d’abord pour lui-même par un violoncelliste virtuose.

Le Concerto de Schumann a été composé en seulement deux semaines ! Mais les deux violoncellistes à qui Schumann présente son œuvre ne sont pas très enthousiastes, lui faisant reproche de ne pas mettre en valeur les qualités de virtuose du soliste. Ce qui est du reste justifié, puisque Schumann avait écrit à sa femme Clara : "Je ne peux pas écrire un concerto pour les virtuoses, je dois essayer autre chose". Sa composition s’intitule d’ailleurs Konzertstück (pièce de concert), et adopte une forme originale pour l’époque : ses trois mouvements enchaînés en font une sorte de fresque sonore qui se libère de la forme rigide du concerto.

Est-ce pour cette raison, ou parce qu’il n’avait pas trouvé un violoncelliste prêt à s’investir dans cette nouvelle composition ? Toujours est-il que Schumann eut du mal à faire éditer son concerto, qui sera finalement créé quatre ans après sa mort. L’œuvre ne connaîtra que peu de succès au cours des années suivantes, et il faudra attendre que Pablo Casals, en 1920, la mette à son répertoire : le concerto de Schumann devient alors une star des concerts… et également des concours ! Il a été choisi cette année par sept candidats, et nous l’entendrons deux fois en finale.

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Concerto n° 1 pour violoncelle en la mineur, op. 33 de Camille Saint-Saëns


Une vingtaine d’années après Schumann, Camille Saint-Saëns compose son Concerto n° 1 pour violoncelle en la mineur, op. 33. Il en composera un second durant la dernière partie de sa vie, moins réussi et très peu joué, et qui fait partie – à juste titre – des mal-aimés.

Le premier concerto, créé en 1873 à Paris par Auguste Tolbecque est une réussite : proportions parfaites des trois mouvements qui s’enchaînent, caractères variés, et surtout équilibre entre le soliste et l’orchestre.

Ce dernier point est essentiel : le compositeur d’une pièce pour violoncelle et orchestre doit en effet apporter une attention toute particulière au fait que, contrairement au violon et au piano, qui passent facilement par-dessus l’orchestre, les sons graves et médiums du violoncelle se noient facilement dans la masse orchestrale. A cet égard, Saint-Saëns a gagné le pari. En témoigne la violoncelliste Jacqueline Dupré s’adressant à son mari Daniel Barenboïm : "Pourquoi ne diriges-tu jamais le seul concerto dont je sais que chaque note que je joue sera entendue ?"

Pourquoi alors ce bijou musical n’a-t-il pas été choisi par un seul des 68 candidats ? La raison en est que le concerto de Saint-Saëns est considéré comme une œuvre "facile" : il est très souvent le premier concerto du répertoire que les violoncellistes travaillent au cours de leurs études. Il est en outre d’une durée très courte pour un concerto romantique (18 minutes). Il arrive d’ailleurs fréquemment que le soliste y ajoute une autre pièce dans le programme d’un concert.

En résumé, trop facile et trop court, ce concerto est un mal-aimé des concours… même s’il est souvent la star des concerts !

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Concerto pour violoncelle en ré mineur d’Edouard Lalo


Quelques années plus tard, un autre compositeur français, Edouard Lalo, compose son Concerto pour violoncelle en ré mineur. Son œuvre la plus jouée, la Symphonie espagnole, très vivante, virtuose, hispanisante, est dédiée au violoniste Pablo de Sarasate. Pour son Concerto pour violoncelle, Lalo collabore avec Adolph Fischer, violoncelliste belge élève de Servais.

Le succès public est au rendez-vous, mais Lalo n’est pas satisfait de l’orchestre : il raconte que le chef a consacré presque toutes les répétitions au Roméo et Juliette de Berlioz qu’il dirigeait pour la première fois, et n’a pratiquement pas répété le concerto. Et il ajoute "qu’il n’y a pas eu de grosses boulettes, mais absence de précision, les rythmes tombant à faux, et le tout trop fort."

Les mots sont lâchés : "trop fort" ! Lalo utilise en effet un grand orchestre symphonique (avec 4 cors, 2 trompettes et 3 trombones), et l’orchestration un peu lourde couvre souvent le violoncelle. Pallier cette difficulté requiert un travail approfondi avec l’orchestre, sur les articulations et les niveaux sonores, ce qui en fait un concerto mal-aimé des concours. Concernant les concerts, le Concerto de Lalo est (trop ?) peu joué de nos jours, mais il en existe de beaux enregistrements, pour lesquels les techniques de prise de son permettent d’adapter la balance entre le violoncelle et l’orchestre.

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Variations sur un thème rococo, op. 33 de Piotr Ilitch Tchaïkovski, star de concert mais…


Elles ne sont pas à proprement parler un concerto, mais elles font partie du répertoire.

Tchaïkovski aimait beaucoup la musique dite "ancienne", et il en a composé le thème dans le "style ancien". L’orchestration du thème et de ses sept variations est légère (un orchestre "type Mozart") et la partie soliste met parfaitement en valeur les qualités lyriques et virtuoses du violoncelle. Il faut dire ici que le compositeur a laissé une grande liberté au soliste Wilhelm Fitzenhagen pour réviser la partie de violoncelle, et que celui-ci en a bien profité, non seulement en modifiant l’ordre des variations, mais en en supprimant une. Tchaïkovski a d’ailleurs jugé que Fitzenhagen était allé trop loin dans la révision de la partition, mais il a toutefois fini par l’accepter : la version de Fitzenhagen est celle qui est la plus jouée aujourd’hui.

Les Variations ont connu un succès très rapide, et sont devenues un classique du répertoire de concert, au même titre qu’un concerto. Star des concerts, donc. Mais concernant les concours, on retrouve la même réticence que pour le Concerto de Saint-Saëns : les Variations durent tout juste 20 minutes – en concert, on y adjoint souvent une autre pièce.

Cette année, un seul candidat avait choisi les Variations rococo, mais il n’est pas arrivé en finale.

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Concerto en si mineur, op. 104 d’Antonin Dvořák, la star des stars


Le Concerto en si mineur, op. 104 d’Antonin Dvořák, annonçons-le d’emblée, est “la star des stars”. Le choix des candidats le confirme : il a été plébiscité par 26 candidats sur 68 !

Pourtant, l’œuvre a bien failli ne jamais voir le jour. Depuis longtemps en effet, le violoncelliste Hanuš Wihan, ami de Dvořák, lui avait passé commande, mais celui-ci avait toujours refusé, affirmant que le violoncelle, était, certes, un bel instrument d’orchestre, mais totalement insuffisant pour un concerto solo. Le compositeur en aimait le registre médian, mais en déplorait un registre aigu nasillard et une basse “marmonnante” !

Mais en 1895, pendant son séjour aux USA – il avait accepté le poste de Directeur du Conservatoire de New York – Dvořák se décide enfin, après avoir entendu le professeur de violoncelle Victor Herbert interpréter un concerto de sa composition.

Pour son propre concerto, Dvořák apportera un soin particulier à l’orchestration, d’autant que Joseph Joachim, le dédicataire de son concerto pour violon, avait regretté la prédominance imposante de l’orchestre au détriment du soliste. Tout en employant un grand orchestre symphonique (la section de cuivres compte 3 cors, 2 trompettes, 3 trombones et 1 tuba), il réussit à maintenir l’équilibre entre une masse orchestrale riche et colorée, où les vents jouent un rôle essentiel, et une partie de violoncelle qui explore toutes les facettes de l’instrument. Alliant lyrisme, héroïsme et virtuosité, le Concerto de Dvořák demande une grande maturité musicale et constitue un passage obligé pour tout violoncelliste.

Nous avions entendu quatre fois cette œuvre magnifique au cours de la session 2017 du concours, nous l’entendrons trois fois cette semaine.

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Les concertos suivants ont tous été composés au XXe siècle.

Concerto en mi mineur, op. 85 d’Edward Elgar


Le Concerto en mi mineur, op. 85 d’Edward Elgar, qui s’inscrit encore dans l’esprit du passé, est, avec ceux de Schumann et de Dvořák, l’un des trois piliers du répertoire romantique pour violoncelle.

Après la Grande guerre, Elgar est un peu passé de mode. Son concerto pour violoncelle sera sa dernière grande œuvre. Pour sa composition, il collabore avec un ami violoncelliste, Felix Salmond.

La première a lieu à Londres fin 1919, avec le London Symphony Orchestra. C’est Elgar qui est en charge du concerto, mais un autre chef dirige le reste du programme. Malheureusement, comme pour le Concerto de Lalo, le chef utilise pour lui-même la plus grande partie du temps alloué au concerto pour violoncelle. L’orchestre n’est donc pas au point, Elgar est furieux : il est prêt à retirer sa composition du programme, et s’il ne le fait pas, c’est uniquement par égard pour l’énorme investissement de Salmond dans la préparation du concerto. Mais la représentation est un désastre. Fort heureusement, Elgar passe outre sa colère et sa déception et le concerto sera joué quelques mois plus tard à Birmingham, cette fois avec succès.

En 1965, l’œuvre acquiert une notoriété immense grâce à l’enregistrement historique et légendaire de la jeune violoncelliste anglaise Jacqueline du Pré, tout juste âgée de 20 ans. Son interprétation, pleine de passion, de fougue et de générosité, d’un lyrisme exacerbé, prend un sens très particulier quand on connaît son destin tragique. Quelques années seulement après l’enregistrement, le diagnostic d’une sclérose en plaques met fin à la carrière de Jacqueline du Pré : elle avait 26 ans…

Jacqueline Du Pré et Sir John Barbirolli
Jacqueline Du Pré et Sir John Barbirolli © David Farrell / Redferns via Getty Images

Pour la petite anecdote, lors de la création du concerto en 1919, un jeune violoncelliste de 19 ans, John Barbirolli, se trouvait dans l’orchestre. Devenu chef, c’est lui qui, 46 ans plus tard, est à la tête de l’orchestre dans l’enregistrement de Jacqueline du Pré. Cet enregistrement demeure encore aujourd’hui la version de référence. Un journaliste demanda un jour à Rostropovitch pourquoi il jouait si peu le concert d’Elgar : "Mon élève Jacqueline du Pré le joue beaucoup mieux que moi", répondit-il.

Il faut pourtant le constater, le Concerto d’Elgar n’est pas la star des concours : peut-être est-il considéré comme “facile”, comparé à ceux de Schumann et Dvořák ? Son statut pourrait cependant évoluer : sept candidats l’avaient choisi cette année (autant que Schumann). Mais aucun d’entre eux n’ayant accédé à la finale, nous n’entendrons pas cette fois le très émouvant Concerto d’Elgar.

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"Les années Rostropovitch"

Nous entrons maintenant dans ce que nous pouvons appeler “les années Rostropovitch” : Prokofiev, Chostakovitch, Dutilleux et Lutosławski ont en effet écrit leurs concertos en collaboration avec le grand violoncelliste russe.

Dans les années 1930, Gregor Piatigorsky demande à Prokofiev de lui composer un concerto : la collaboration n’aura pas lieu. Prokofiev, à l’âge de 60 ans, se décide toutefois à reprendre le projet, et il confie la partition de soliste à Lev Berezovsky.

La symphonie concertante de Sergueï Prokofiev


Le premier concert n’est pas du tout convaincant. Le pianiste Sviatoslav Richter, qui avait répété la pièce avec Berezovsky avant sa création, estime que la musique de Prokofiev est totalement étrangère à la nature du violoncelliste, et que le chef d’orchestre n’a pas saisi l’essence profonde de l’œuvre, avant de conclure : "C’était un fiasco total" ! Le Concerto n° 1 en mineur, op. 58 de Sergueï Prokofiev ne sera pratiquement plus joué pendant une dizaine d’années.

En 1947, au Conservatoire de Moscou, Prokofiev entend son concerto interprété par un jeune violoncelliste âgé de 20 ans : il s’appelle Mstislav Rostropovitch. Ce concert réveille son intérêt pour le violoncelle et il décide alors de retravailler la partition, en collaboration avec Rostropovitch. Durant deux étés, le jeune violoncelliste et le compositeur, de 46 ans son aîné, se retrouvent dans la Datcha de Prokofiev près de Moscou et une nouvelle version, qu’on appelle le Concerto n° 2, est créée à Moscou en 1950. Mais Prokofiev, toujours insatisfait, écrit une troisième version : la Symphonie concertante en mi mineur, op. 125, qui reprend une partie importante du matériau thématique du concerto initial, avec une orchestration très fournie, est beaucoup plus aboutie. Elle sera créée à Copenhague en 1954, par Rostropovitch, et c’est elle qui entrera finalement dans le répertoire soliste, le Concerto n° 1 restant au rang des mal-aimés…

Pour les concours, l’œuvre est souvent jouée en Russie, un peu moins ailleurs. Mais elle a été choisie cette année par sept candidats, dont deux sont parvenus en finale. La Symphonie concertante de Prokofiev sera-t-elle la prochaine star du Concours Reine Elisabeth ?

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Les concertos de Chostakovitch


Chostakovitch et Rostropovitch se rencontrent en 1943, lorsque le jeune homme de 16 ans intègre la classe de composition de Chostakovitch au Conservatoire de Moscou. Malgré leurs 20 années d’écart, les deux hommes se lient d’une amitié qui durera toute la vie. C’est bien sûr à Rostropovitch que Chostakovitch dédie ses deux concertos pour violoncelle : ils seront créés à Moscou par le dédicataire, en 1959 et en 1966.

Rostropovitch, Gennady Rozhdestevensky et Chostakovitch
Rostropovitch, Gennady Rozhdestevensky et Chostakovitch © Tous droits réservés

Le Concerto n° 1 en mi bémol Majeur, op. 107 de Dmitri Chostakovitch a été la grande star du Concours Reine Elisabeth 2017 : il a été joué six fois au cours de la finale, et c’est avec ce concerto que Victor Julien-Laferrière a gagné le Premier prix.

Pour un concours, le choix de ce concerto est pertinent, on pourrait même dire “efficace” car il coche beaucoup de cases : il dure 25 minutes, il n’est donc ni trop court, ni trop long ; il est très bien écrit pour l’instrument, les passages techniquement difficiles pour la main gauche "s’imprimant" bien dans les doigts ; ses quatre mouvements sont très équilibrés, entre lyrisme, énergie rythmique et virtuosité ; son troisième mouvement est une cadence, que le violoncelliste joue sans accompagnement d’orchestre durant six minutes, ce qui constitue un gain de temps non négligeable pour la gestion du temps de répétition avec l’orchestre.

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Revenons sur ce dernier point : le temps de répétition avec orchestre est en effet une donnée à prendre en considération lors du choix du concerto. Car quelle que soit l’œuvre choisie, le temps de répétition est le même pour tous les candidats : 50 minutes pour le concerto, puis 1h30 pour les deux pièces de la finale (la pièce imposée et le concerto). Avec le Concerto n° 1 de Chostakovitch (moins sa cadence), on a donc à peine 20 minutes à répéter avec l’orchestre – contre 37 minutes pour la Concertante de Prokofiev ou 40 minutes pour le Concerto de Dvořák – ce qui permet un travail plus approfondi avec l’orchestre.

Peut-être un peu moins facile d’accès, et beaucoup long que le premier concerto (40 minutes), le Concerto n° 2 en sol Majeur, op. 126 de Chostakovitch a été choisi par sept des 68 candidats, dont deux finalistes. Nous verrons s’il réussit à ravir la vedette à son aîné.

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Il est difficile de classer les deux derniers concertos de cette liste, ceux de Dutilleux et de Lutosławski, tous deux créés par Rostropovitch en 1970, à quelques mois d’intervalles. Ce qui a dû lui demander un travail colossal !

Tout un monde lointain d’Henri Dutilleux


Le titre du concerto d’Henri Dutilleux, “Tout un monde lointain…” est emprunté à un poème des Fleurs du mal de Baudelaire. Cette œuvre est l’une des plus jouées de Dutilleux, et fait partie intégrante du répertoire des violoncellistes. Elle est atonale, mais son caractère poétique et onirique la rend toutefois assez facile d’accès. Elle ne semble pourtant pas être un “bon client” pour devenir une star des concours : une bonne interprétation de l’œuvre de Dutilleux demande en effet un travail très approfondi avec l’orchestre. En outre, les candidats choisissent le plus souvent un concerto qu’ils ont eu l’opportunité de jouer avec orchestre auparavant, ce qui est rarement le cas avec l’œuvre de Dutilleux.

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Concerto pour violoncelle de Witold Lutosławski


Le Concerto pour violoncelle de Witold Lutosławski sera sans doute, pour bon nombre d’auditeurs, la découverte de la finale. De langage résolument contemporain, avec ses sept mouvements enchaînés, ses passages comportant une part d’improvisation et son énorme orchestre qui accorde une place prépondérante aux vents et aux percussions, ce concerto est un véritable duel entre le soliste et l’orchestre, une "histoire de Don Quichotte du XXe siècle", selon Galina Vichnevskaïa.

Le choix de Lutosławski s’est avéré "payant" pour le violoncelliste Michiaki Ueno, qui a gagné le Premier prix du Concours de Genève en 2021 avec ce concerto. Est-ce ce succès qui a décidé l’une des candidates du Concours Reine Elisabeth à proposer, elle aussi, ce choix audacieux ?

C’est ainsi que certains concertos peu joués ou mal-aimés, deviennent parfois des outsiders, et pourquoi pas, des stars !

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La finale du Concours Reine Elisabeth promet en tout cas d’être riche et passionnante : outre Schumann, Dvořák et Chostakovitch n°1, les trois stars de la session 2017, Prokofiev, Chostakovitch n° 2 et Lutosławski seront aussi cette année de la partie.

Rendez-vous samedi à minuit pour connaître le lauréat 2022… et le concerto super star !

 

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