À Chicago, Riccardo Muti ne lâche rien face à la « cancel culture »

- Publié le 27 juin 2022 à 16:38
À Chicago, Riccardo Muti ne lâche rien face à la « cancel culture »
Dans un entretien au quotidien italien Corriere della Serra, le Maestro, qui dirige actuellement Un bal masqué de Verdi, explique pourquoi il a refusé de retirer l’allusion au « sang immonde des nègres ».

Dans l’acte I scène 4 du Bal masqué de Verdi, il est question d’Ulrica, une diseuse de bonne aventure qui sera bientôt consultée. Elle est, dit le livret, « dell’immondo sangue dei negri », « du sang immonde des nègres ». Un passage qui, pour certains, ne doit plus être chanté ainsi aujourd’hui.

Et la fronde ne vient pas uniquement des États-Unis où la cancel culture est apparue. Rappelez-vous, en mai dernier à la Scala de Milan, sur les terres de Verdi, les deux vers du livret d’Antonio Somma avaient été réécrits afin de supprimer ladite allusion.

« Ridiculiser le racisme, la cruauté et l’ignorance du personnage »

Le Maestro, qui dirige jusqu’au mardi 28 juin l’opéra de Verdi, tient les rênes du Chicago Symphony Orchestra depuis 2010. Une ville dont la maire démocrate, Lori Lightfoot, est connue pour ses engagements et ses prises de positions parfois radicales. Parmi l’Orchestre également, des musiciens auraient vu d’un bon œil la suppression des vers supposés litigieux.

Mais, à 80 ans, Riccardo Muti n’est pas homme à laisser dicter sa partition. Le chef a refusé de retirer ou de modifier ces lignes du livret. Il a expliqué sa position dans un entretien au quotidien italien Corriere della Serra  : « Je suis opposé aux institutions qui maquillent et changent les paroles des livrets. On ne peut pas changer l’histoire, il faut la garder dans son essence, pour le meilleur ou pour le pire, afin que les générations futures puissent savoir » précise-t-il. Ajoutant qu’il a engagé trois chanteurs afro-américains dans cette production, dont le juge qui profère cette insulte raciste envers Ulrica. Enfin, selon Muti, à travers ce passage, Verdi souhaite en réalité « ridiculiser le racisme, la cruauté et l’ignorance du personnage ».

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