Sempé est mort, la musique en deuil

- Publié le 12 août 2022 à 16:32
Le Petit Nicolas et Raoul Taburin sont orphelins : le dessinateur Jean-Jacques Sempé s’est éteint le 11 août à l’âge de quatre-vingt-neuf ans.

crédit photo : 29080

Né à Pessac en Gironde, Sempé allait rapidement devenir un parisien de cœur. Sa ville d’adoption le lui rendit bien en l’honorant d’une vaste rétrospective – c’était il y a dix ans, déjà, dans l’enceinte de l’Hôtel de Ville. Sempé avait commencé à publier ses dessins en 1950 dans Sud Ouest Dimanche, avant d’être réclamé par France Dimanche, Paris Match, The New Yorker, Télérama, Le Nouvel Observateur… et, plus occasionnellement, Diapason. C’est ainsi un contrebassiste ajustant son nœud papillon qui illustrait, en couverture de notre numéro de février 2013, « la grande aventure de la musique française ».

Rêves et admirations

Car la musique, Sempé la connaissait. Son rêve d’être pianiste, il le vécut par procuration grâce à l’amitié de Bruno Rigutto ou de Michel Legrand. Il croqua la couverture de plusieurs albums de ce dernier (notamment pour un disque en duo avec Stéphane Grapelli) et même des décors pour la production des Parapluies de Cherbourg donnée au Théâtre du Châtelet en 2014 sous la baguette du compositeur (à retrouver en DVD, Erato). Il dédia aussi tout un recueil de dessins inédits aux Musiciens (Denoël, 1979), « hommage enjoué et admiratif », précise l’éditeur, aux interprètes amateurs ou professionnels, seuls ou en groupe, avec tout ce que cela suppose de plaisirs, d’ambitions, de contrariétés, de petits travers… L’univers du jazz côtoie sa passion pour Debussy, Ravel et Satie, mais aussi un attachement viscéral aux chansons de Ray Ventura et de Charles Trénet, « qui touchaient à la grâce, avant que la légèreté devienne suspecte », ainsi qu’il le disait lui-même.

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Diapason