Un abécédaire Richard Strauss #16

- Publié le 18 août 2022 à 09:00
De A à Z, Diapason vous invite à revisiter la vie et l'œuvre du compositeur allemand. Aujourd'hui, R comme Reinhardt.

crédit photo : 28706Reinhardt (Max)

De dix ans plus jeune que Strauss, il fut un des plus insolents novateurs de la scène allemande. Strauss le rencontra pendant ses années berlinoises (1898-1918), où Reinhardt régnait en maître, et fut frappé par sa mise en scène de la Salomé de Wilde (1902) et de l’Elektra de Hofmannsthal (1903). Les maisons d’opéra ne virent pas d’un bon œil qu’il y exerçât. Il apporta néanmoins une aide décisive à Strauss et Hofmannsthal pour la première de Rosenkavalier à Dresde en 1911, travaillant inlassablement avec les chanteurs pour les faire entrer dans cette dramaturgie arachnéenne. Aussi fut-il naturellement, l’année suivante, le dédicataire de cette mise en abyme théâtrale, Ariane à Naxos . Enraciné à Salzbourg où il avait acquis le château Leopoldskron, il fut le préfigurateur du Festival dès 1918 et, avec Strauss, Hofmannsthal, un de ses fondateurs en 1920. C’est lui qui imposa Jedermann comme spectacle d’ouverture. Au-delà même de ses collaborations avec Strauss, Reinhardt fut un penseur du théâtre, un technicien novateur, un apôtre de la modernité du jeu d’acteur. Il appliqua sa vision aussi bien aux contemporains qu’aux Tragiques grecs, comme l’Œdipe roi adapté par Hofmannsthal (Berlin, 1910) ou cette Orestie (Berlin, 1919) qui fit date. Miracle que ce trio se fût trouvé. C’est en son exil américain qu’en 1943 mourut cet artisan essentiel de la culture européenne.

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