"Croisette" : Benjamin Levy et l'Orchestre national de Cannes vibrent au son des année folles

"Les année folles sont encore très présentes à Cannes !" Notre invité Benjamin Levy nous explique pourquoi il a choisi d'enregistrer avec son orchestre ces pages lyriques et légères signées par plusieurs compositeurs de l'époque. Car bien qu'avant tout parisiennes, ces opérettes sont aussi un témoignage sonore et vivant des années 1920, période à partir de laquelle la ville de Cannes se développe et devient une destination de vacances et de plaisirs, avec sa croisette et ses célèbres palaces (le Majestic, le Martinez et le Palm Beach sont construits entre 1926 et 1929). "C'est aussi le début de la Riviera, le moment où les touristes, contemporains de Fitzgerald, Hemingway ou Picasso, restent l'hiver sur la côte d'Azur."

Le chef d'orchestre est  passionné depuis longtemps par l'opérette, un répertoire qu'il a souvent dirigé avec la compagnie Les Brigands lors de productions données au théâtre de l'Athénée à Paris au début des années 2000, et qu'il tente de restituer de la manière la plus historiquement fidèle dans ce nouveau disque : "il faut rendre justice à ces musiques et les jouer dans leur version originale, sans les jazzifier plus que ce n'est écrit, il faut les jouer comme l'a rêvé le compositeur pour retrouver la saveur de cette époque. Ce n'est pas un hasard que la musique légère ait été l'apanage de gens qui se sont consacrés au baroque : Gardiner, Harnoncourt et Minkowski, car c'est un peu pareil ! C'est aussi un répertoire qui regarde à la fois vers le passé et vers l'avenir, une musique à la lisière." Notre invité souligne enfin le talent des compositeurs, qui parviennent à associer dans ces œuvres légères des textes parfois très grivois avec une musique toujours très élégante et raffinée. "C'est l'essence de l'art français de cette époque !"