Lors de la prochaine Conférence des parties de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), qui se déroulera à Panama, du 14 au 25 novembre (COP19), un vote devra statuer sur la proposition du Brésil d’interdire le commerce du bois de Pernambouc et, par conséquent, des archets. Ce vote est déterminant pour le monde de la musique classique, car il concerne tous les instrumentistes à cordes frottées.
La proposition formulée par le Brésil pourrait restreindre drastiquement les déplacements et tous les échanges commerciaux en rapport avec les archets de violon, d’alto, de violoncelle ou de contrebasse. L’adoption de cette proposition entraînerait aussi à moyen terme la disparition d’un métier séculaire, archetier, en lui retirant toute possibilité d’approvisionnement en bois de Pernambouc (Paubrasilia echinata).
Nous sommes bien conscients des enjeux environnementaux majeurs auxquels notre société doit faire face. Nous avons également la conviction que la culture au sens large doit rester un sujet essentiel. N’entravons pas la diffusion de la culture en général et de la musique en particulier sous de faux prétextes. Ne faisons pas du monde musical un bouc émissaire de la déforestation.
Culture et patrimoine
Les volumes de bois, européens et exotiques, utilisés par la facture instrumentale dans sa globalité sont particulièrement modestes en comparaison des volumes employés par l’industrie du papier, du bâtiment ou du meuble à travers le monde. De plus, le secteur est très vigilant sur ces questions depuis plusieurs décennies.
Par exemple, les luthiers, les archetiers et les musiciens ont financé divers programmes de conservation et de replantation de bois de Pernambouc et d’ébène employés pour la fabrication des archets (International Pernambuco Conservation Initiative et Association for the Protection of Endangered Wood for Musical Instrument Making).
Nous, musiciens à cordes, jouons des archets en bois de Pernambouc, car c’est le matériau qui conjugue toutes les qualités requises pour l’expression de notre art. Bien sûr, il existe des archets réalisés avec d’autres essences de bois ou d’autres matières comme la fibre de carbone.
Ces alternatives peuvent présenter un certain intérêt dans des circonstances de jeu ou pour l’interprétation de certaines œuvres. Toutefois, au regard de notre culture musicale et de notre sensibilité d’interprètes, les archets en bois de Pernambouc, dans leur très large diversité, sont ceux qui nous permettent de transmettre nos intentions de la meilleure façon. Il s’agit là d’une question profonde de culture, de patrimoine.
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