Mika, pop star sur les toiles

Covid oblige, sa dernière tournée, le "Revelation Tour", avait été arrêtée en plein vol. Mais Mika avait décidé de ne pas la reprendre pour se consacrer à d'autres projets : concerts philharmoniques à l'Opéra Royal de Versailles puis à la Philharmonie de Paris, campagnes d'affiches pop à Paris contre la morosité pandémique et même carte blanche sur France Musique pour partager ses coups de cœur musicaux… En 2023, le chanteur franco-libanais explore encore une nouvelle manière de faire de la musique en signant la bande originale du film Zodi et Téhu, Frères du désert de Eric Barbier, en salles aujourd'hui.

Image et musique

Bien qu'éloignée du style pop qui l'a rendu célèbre, la musique à l'image est une passion pour Mika depuis son plus jeune âge : "J’ai toujours été fasciné par la musique de cinéma. C’est quelque chose de magique, comme un personnage. Ces mélodies d’ "Autant en emporte le vent" ou des "Looney Tunes" sont incroyables. Les arrangements des "Looney Tunes", sont hallucinants et joués complètement en direct. Il y avait des orchestres immenses de 140 ou 150 musiciens dirigés par Carl Stalling, le chef d’orchestre et arrangeur, qui faisaient ces bruits à haute vélocité. La musique à l’image fait partie de nos vies, de nos mémoires. J’ai développé une fascination pour ça."

Néanmoins, le musicien a dû attendre bien des années avant de s'essayer à l'exercice, notamment du fait de sa dyslexie : "Si on ne lit pas la musique et qu’on ne sait pas faire de solfège, on ne pouvait pas avoir de place au conservatoire. J’ai étudié l’opéra et le chant, mais j’étais la plupart du temps dans la bibliothèque en train d’étudier la musique avec mes oreilles. J’écrivais ce que je pensais de chaque pièce, et c’est comme ça que j’ai commencé à faire mes propres études sur la musique de film, la musique à l’image et la musique en général."

Une opportunité en or

La proposition d'Éric Barbier pour la musique du film Zodi et Téhu, Frères du désert est ainsi venue réveiller un désir enfoui depuis des années. Pour autant, sauter le pas n'a pas été facile : "J'avais peur. C’était un rêve d’enfance, puis on comportementalise nos rêves et on se dit que la vie a avancé. Mais ça grattait dans ma tête, car j’aime la musique de film. Alors je me suis dit que j'étais prêt à le faire, que je pouvais bien m’entourer avec des gens qui m’aident. La technologie a énormément évolué, c’est donc possible de le faire même si on est dyslexique." Face à ce nouveau défi, Mika a ainsi fait appel à des artistes venus d'horizons variés pour ce melting-pot entre musique orchestrale, pop et berbère. Un véritable travail d'équipe au service de l'image.

La réflexion a pourtant débuté avant le tournage, Mika est allé chercher ses premières inspirations dans le texte : "Ça a commencé avec le scénario, j’ai écrit un concept. Je me suis dit que je n’allais pas aller sur quelque chose de très orchestral. Ça me semblait une évidence, on doit encourager les gens à s’envoler dans la fantaisie de cette histoire, l'orchestre devient un personnage rassurant." Mika a d'autant plus apprécié la collaboration que les contraintes du format sont apparues comme une libération en comparaison des maisons de disques pop qui imposent des contraintes commerciales : “Je suis très reconnaissant d’Éric Barbier qui m’a donné cette opportunité. J’ai senti la liberté d’écrire une musique sans paroles, de m’exprimer d’une autre manière et aussi de puiser dans cette culture de musique classique qui est en moi depuis un très jeune âge.” Après ce premier essai transformé, Mika compte bien réitérer l'expérience à l'avenir.

Zodi et Téhu, Frères du désert d'Éric Barbier, au cinéma le 8 février