Le Met condamné à verser 200.000 dollars à Anna Netrebko

- Publié le 20 mars 2023 à 07:53
Anna Netrebko
Au nom d’un accord contractuel, l’institution doit dédommager la soprano pour l’avoir désengagée de plusieurs productions d’opéras.

Au début de la guerre en Ukraine, la soprano Anna Netrebko avait refusé de condamner l’attaque décidée par Vladimir Poutine. Si, rapidement, elle avait pris position contre la guerre – mais pas contre le président russe –, le Metropolitan Opera de New York considérait la proximité passée de la chanteuse avec le Kremlin comme problématique et la déprogrammait de plusieurs séries de représentations – Don Carlo cette saison, La forza del destino et Andrea Chénier la saison prochaine. Moyennant quoi, les avocats d’Anna Netrebko attaquaient l’institution pour entrave à la liberté du travail et réclamait 400.000 dollars de dédommagement.

Des torts de part et d’autre

La commission d’arbitrage a finalement condamné le Met à verser la moitié de cette somme, soit 200.000 dollars, à la soprano, à titre de compensation pour les treize représentations, indique le New York Times ce 17 mars. Ceci au nom d’un accord contractuel connu sous le nom de « pay-or-play », qui exige que les institutions paient les artistes même si elles décident par la suite de ne pas les engager. L’arbitre, Howard C. Edelman, a estimé qu’« il ne fait aucun doute qu’elle soutenait Poutine, comme elle avait le droit de le faire », mais a ajouté que le fait de s’aligner sur Poutine n’était « certainement pas une turpitude morale ou une action méritant, en soi, une procédure pour mauvais comportement. »

Pour autant, Anna Netrebko ne sort pas totalement blanchie de cette affaire : l’arbitre lui a également infligé une amende de 30.000 dollars, sanctionnant ses déclarations « très inappropriées » – en cause surtout, un texte partagé sur les réseaux sociaux dans lequel elle qualifiait ses détracteurs d’« aussi maléfiques que les agresseurs aveugles ».

« Manques de respect »

Tout cela n’a guère empêché le Met de déprogrammer il y a peu Yuri Eyvazov, le mari d’Anna Netrebko. Le ténor devait chanter le rôle de Mario Cavaradossi dans la Tosca de Puccini (représentations prévues à partir du 30 mars). En cause, cette fois, les commentaires négatifs émis par le chanteur au cours de la polémique qui avait entouré le maquillage d’Anna Netrebko en Aida à Vérone, qualifié par certains de black face. Par ailleurs, Yuri Eyvazov se serait trouvé pour quatre des six représentations face à la soprano ukrainienne Liudmyla Monastyrska, et Peter Gelb, directeur de l’institution new-yorkaise, estime que la présence d’un artiste lié à Anna Netrebko pourrait apparaître comme « un manque de respect ». Le ténor sera dédommagé pour les représentations annulées.

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