Démission de Gustavo Dudamel : le directeur de l'Opéra de Paris Alexander Neef prend la parole

Quatre jours après l'annonce surprise de la démission de Gustavo Dudamel, officiellement pour être près de ses proches, comment la grande boutique vit-elle cette déflagration ? Que va-t-il se passer la saison prochaine ? Et quand le successeur du chef vénézuélien sera-t-il désigné ? Le directeur de l'Opéra de Paris Alexandrer Neef nous répond.

Alexander Neef, quel est votre état d'esprit ? Est-ce-que vous en voulez à Gustavo Dudamel ?

Non, pas du tout. C'est une décision qui lui appartient et que je respecte, même si nous sommes tous tristes qu'il ait pris cette décision.

Comme les musiciens de l'orchestre ont-ils reçu cette nouvelle ?

Également avec tristesse puisque, il faut le dire, c'est un immense musicien et que nous étions embarqués pour un voyage qui aurait dû durer six ans au moins, avec un très beau projet dont nous avions fait les deux premières années. C'est une tristesse, mais nous avons aussi le sentiment d'avoir accompli quelque chose. On a fait de la très, très belle musique ensemble en France et sur les podiums des salles de concert.

Officiellement, Gustavo Dudamel démissionne pour passer plus de temps avec sa famille. Pourtant, les journaux  Le Monde et Le Figaro mettent en avant l'annulation d'une tournée avec l'orchestre prévue en début d'année en Europe, et la perspective avortée d'une autre grande tournée aux États-Unis, faute d'accord entre la direction et les syndicats sur les rémunérations des musiciens en tournée. Qu'en est-il ? Est-ce que cela a joué ?

Je pense, à la fin, que ça n'a pas beaucoup joué, et je ne pense pas non plus qu'il faut parler de "raisons officielles". On essaie de communiquer de manière transparente, et cette annulation des concerts prévus à Vienne et à Londres, au mois d'avril, c'est une déception pour tout le monde. On n'a pas pu se mettre d'accord, c'est correct. Après, il y avait d'autres projets pour l'avenir que nous avons essayé de construire.

En mai, Gustavo Dudamel avait annulé sa participation pour diriger le ballet de Thomas Adès, The Dante Project, et il ne figurait que sur deux productions scéniques dans le programme de la saison prochaine. Était-ce tenable vis-à-vis de votre tutelle d'avoir un directeur musical, très bien payé, ne dirigeant que deux productions sur une saison ?

Cela aussi s'inscrivait dans un projet à plus long terme, dont le public n'avait pas encore la visibilité. Nous, nous l'avions, bien évidemment, et c'était une partie du contenu de nos échanges avec Gustavo et son équipe au cours des derniers mois. Est-ce qu'on peut établir cet équilibre souhaité entre ses obligations à Paris et ailleurs, et son contact avec sa famille ? C'est cet équilibre entre vie privée et professionnelle qu'il souhaitait.

Que va-t-il se passer la saison prochaine ? Est-ce que Gustavo Dudamel va diriger certaines des productions prévues, Lohengrin et The Exterminating Angel de Thomas Adès ?

Nous y travaillons. Nous avons souhaité attendre un peu avant de faire l'annonce et on travaille maintenant sur la saison prochaine. On l'a dit - et je le répète ici parce que je pense que c'est important - nous ne nous sommes pas disputés. J'aimerais beaucoup que Gustavo puisse revenir en tant que chef invité dans le futur, peut-être dès la saison prochaine. Et du coup, on va se prendre un petit moment pour travailler sur tout ça et l'annoncer au plus vite.

Pour finir, quand le successeur de Gustavo Dudamel sera-t-il nommé ? Est-ce que vous y travaillez déjà ?

J'aime bien prendre un temps de réflexion avant de décider. Nous allons commencer ce processus de réflexion qui va inclure les musiciens de l'Orchestre de l'Opéra, bien évidemment, nous allons procéder à la nomination d'un successeur quand nous serons prêts. Je pense que la chose la plus importante à dire, c'est que je tiens beaucoup aux fonctions du directeur musical de l'Opéra. Je pense que c'est un rôle très important au sein de la maison, un rôle qu'il va falloir remplir de nouveau et nous savons donc, sans aucun doute, qu'il y aura un successeur.