"J'avais beaucoup de facilités : je sautais et tournais naturellement"

"Toute cette semaine, Claude Bessy se confie au micro des Grands Entretiens. Personnalité incontournable du monde de la danse en France comme à l'étranger, cette forte femme née en 1932 à Paris fut à la fois danseuse étoile, chorégraphe et pédagogue, mais aussi muse, mannequin, et directrice de l'Ecole de danse de l'Opéra national de Paris.

Aujourd'hui, Claude Bessy, rencontrée chez elle en région parisienne, est d'un tonus impressionnant, n'ayant rien perdu de son caractère légendaire et de sa blondeur. Elle raconte sans langue de bois, tout autant les enchantements connus lors de ces quelques soixante années passées à l'Opéra de Paris (les grands ballets, le travail avec Balanchine, Gene Kelly, Skibine, Béjart ou Lifar, l'inauguration de l'école danse à Nanterre...), tout comme les moments de crise (accident de voiture, disparition des êtres aimés et difficultés lors de la publication du rapport établi à la demande du CHS de l'Opéra de Paris au début des années 2000). Une traversée du siècle comme un déboulé par une artiste qui, toujours et encore, tient la barre".

1er épisode : Claude Bessy est née à Paris en 1932. Elle grandit dans le quartier de la nouvelle Athène, un petit coin du 9ème arrondissement où l'on trouve à l'époque de nombreux cours de danse... Claude Bessy évolue dans un environnement familial propice à faire naître une artiste. Ainsi du côté maternel de la famille, on trouve un grand-père, comédien et une grand-mère, chanteuse, qui lui transmettra son amour de l'opérette et du spectacle.

"En classe, je dessinais souvent des danseuses. Alors ma professeur de dessin m'a questionné et m'a demandé si je faisais de la danse. Elle était professeur de dessin de la fille de Gustave Ricaux. Elle m'a donné son téléphone et son adresse et c'est comme ça que tout a commencé. Gustave Ricaux habitait à 2 pas de chez moi, le hasard a fait que j'ai commencé par le meilleur"

Claude Bessy prend ses premiers cours de danse avec Gustave Ricaux en 1941. La jeune élève, qui possède de grandes dispositions naturelles, entre quelques mois plus tard à l'école de danse de l'Opéra de Paris. Elle nous raconte ses premiers souvenirs à Garnier, les cours, l'ambiance et ses premiers professeurs dans un Paris sous l'occupation.

"On rentrait souvent tard le soir en groupe après le spectacle et nous croisions des officiers allemands intrigués de voir des enfants qui sortaient à minuit. Ils nous raccompagnaient"