Berta Rojas : toute l'âme du Paraguay dans une guitare

Berta Rojas et "la rojita", sa guitare (la "petite rouge") qui l'accompagne depuis 2008 ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
Berta Rojas et "la rojita", sa guitare (la "petite rouge") qui l'accompagne depuis 2008 ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
Berta Rojas et "la rojita", sa guitare (la "petite rouge") qui l'accompagne depuis 2008 ©Radio France - Louis-Valentin Lopez
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Ambassadrice de la culture de son pays, méconnue. Modèle, aussi, pour les femmes guitaristes, dans un milieu où elles sont rares. France Musique s'est entretenu avec Berta Rojas, l'une des guitaristes classiques les plus réputées au monde.

Elle est l'une des guitaristes classiques les plus réputées au monde. La Paraguayenne Berta Rojas, multi-récompensée, s'est produite dans les salles les plus prestigieuses, partout dans le monde. Ambassadrice de la culture de son pays et de la musique sud-américaine, à 57 ans, elle est aussi un modèle pour les femmes guitaristes, dans un milieu où elles sont encore rares. La musicienne était de passage en fin de semaine dernière en France, honorée par l'ambassade du Paraguay, pour rendre hommage à une autre figure féminine de la guitare, Ida Presti. France Musique l'a rencontrée.

"Sans la guitare, je ne suis pas complète"

"Sans la guitare, je ne suis pas complète", souffle Berta Rojas qui joue et nous raconte, avec passion, une histoire d'amour. Tout commence au Paraguay dans les années 70, dans une famille nombreuse, avec sa grand-mère, Berta : "Je suis la seule parmi ses petits-enfants qui s'appellent Berta, comme elle. Et je suis aussi la seule à jouer, comme elle, de la guitare. Il y a sûrement quelque chose de l'ordre de la transmission, quelque chose d'un peu magique..." Des cours de guitare au Paraguay, au Brésil, puis en Uruguay, au niveau universitaire. Petit à petit, Berta Rojas se fraye un chemin sur scène : "Le monde de la guitare classique est tout petit. C'est lié à la nature même de la guitare, un instrument très intime. C'est dans les petites salles que l'on peut apprécier au mieux la beauté de son timbre. Se faire une place dans un univers si exigu, bien sûr que ce n'est pas évident".

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Mais la guitariste a réussi. Des collaborations avec les plus grands : Paquito D'Rivera, Gilberto Gil... Quinze disques dont le dernier en 2022, Legado, sacré Meilleur album classique aux Latin Grammy Awards. "C'est la première fois que mon pays gagne un Latin Grammy. Un prix d'autant plus important que mon disque est un hommage à deux grandes figures féminines de la guitare, Ida Presti et María Luisa Anido. Et c'est formidable qu'elles aient permis à un petit pays comme ça de décrocher son premier Grammy", s'enthousiasme Berta Rojas.

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"Au Paraguay, la guitare est un instrument de femmes"

L'artiste a elle-même dû s'imposer dans un milieu très masculin, raconte-t-elle, mais les lignes bougent : "Je vais vous surprendre mais au Paraguay, j'ai monté un orchestre de guitaristes. Nous avons lancé un appel national et sélectionné vingt-cinq membres. Et la moitié d'entre eux sont des femmes ! Donc nous pouvons dire qu'au Paraguay, la guitare est un instrument de femmes." Et au niveau mondial ? "Je pense que les femmes guitaristes, comme dans tous les domaines, vont lever la voix et décrocher de plus en plus d'opportunités."

Nommée guitariste extraordinaire par le Washington Post, "ambassadrice de la guitare classique" par Classical Guitar Magazine, Berta Rojas se voit aussi comme une émissaire de la culture paraguayenne : "Les gens connaissent très peu le Paraguay. Mais quand je monte sur scène et que je joue une danse paraguayenne ou un morceau d'Agustin Barrios, je décris en quelque sorte des paysages qui dépeignent le Paraguay. Et qui sait, le public qui entend ces morceaux aura peut-être envie d'en apprendre plus sur mon pays." Sans jamais se cantonner à un style : un disque sur le tango, un hommage le mois prochain à Paco de Lucia, autour du flamenco. "Continuer à apprendre toujours, conclut-elle, est sans doute ma plus grande fierté."

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