« résoNance » : une visite à l'écoute de l'abbaye de Noirlac

L’abbaye de Noirlac pendant l’hiver 2024 - Yannick Pirot
L’abbaye de Noirlac pendant l’hiver 2024 - Yannick Pirot
L’abbaye de Noirlac pendant l’hiver 2024 - Yannick Pirot
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A l'abbaye de Noirlac, dans le Cher, le projet résoNance propose une expérience sonore et immersive pour découvrir l’histoire et les secrets de cette abbaye cistercienne. Visite.

C’est dans un écrin de verdure, au milieu du bocage de Noirlac, que s'élève l’ abbaye fondée au XIIe siècle. Elle est aujourd’hui érigée en Centre culturel de rencontre, et si le son y occupe une place importante, c’est grâce au silence, explique sa directrice Elisabeth Sanson : « Dans la spiritualité cistercienne, le silence était très important. Les moines gardaient leur voix pour chanter et leur attention pour écouter leur voix intérieure. Aujourd’hui, dans un monde qui est très agité, dans lequel la question du visuel est très présente, Noirlac est un endroit pour se ressourcer et pour cultiver l’ouïe ».

« Décrire le silence »

C’est pour poursuivre cette idée qu'est né le projet résoNance. Une déambulation sonore et immersive dont le compositeur et designer sonore Luc Martinez est le directeur artistique : « Nous avons souhaité proposer une écoute de l’abbaye, mais sans aller à l’encontre de ses préceptes de silence. Donc nous décrivons le silence avec des propositions sonores qui sont à la fois des surprises, mais en même temps des portes ouvertes à des compositeurs contemporains qui eux aussi s’emparent des lieux et qui, eux aussi, les font parler ». Le spectateur est ainsi invité à visiter chaque espace, en suivant un fil sonore, ajoute-t-il :  « Chaque installation n’est pas là où elle est de façon neutre. Si l'on entend les moines qui susurrent dans le cloitre ou les chanteurs et musiciens solistes dans l’abbatiale, c'est parce qu'il y a de réelles raisons. Nous proposons une double visite, historique et contemporaine, du même lieu ».

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Les sons laissent-ils des traces ?

La majorité des compositeurs qui ont sonorisé les différents espaces de l’abbaye, du réfectoire, au cloitre, en passant par le chauffoir, sont familier des lieux. Michel Risse est musicien, mais aussi jardinier acoustique, précise-t-il, et il signe avec la compagnie Décor Sonore, la sonorisation des chambres des moines, une installation qui invite le spectateur à tendre l’oreille vers les murs pour qu’ils révèlent leurs secrets : « Cette installation part de l’idée que tous les sons laissent des traces. Nous avons inventé des techniques pour essayer de retrouver ces fragments de son du passé que les anciens nous auraient laissé volontairement dans la surface des murs ou des mausolées »

Pour créer leur installation dans cette abbaye à l’acoustique si particulière, les artistes ont dû concevoir des œuvres sur-mesure et investir pendant plusieurs semaines le lieu, raconte Elisabeth Sanson, sa directrice : « Je suis là depuis un an et demi et cela fait un an et demi que je vois arriver les compositeurs par toutes les saisons. Cet hiver, alors qu’il faisait très froid dans l’église et dans le dortoir des convers, ils travaillaient avec des mitaines, des bonnets. On ne peut pas composer uniquement dans un studio, il faut venir éprouver le son dans l’espace sonore qui est proposé ».

De l’hiver à l’automne, ce sont justement par les sons du bocage, diffusés sous la charpente de bois du dortoir des convers, que se termine la visite de l’Abbaye, dont la programmation vit au rythme des saisons.

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