Festival d'Aix-en-Provence : une mission d'audit déclenchée à cause de l'aggravation du déficit

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Festival d'Aix-en-Provence : une mission d'audit déclenchée à cause de l'aggravation du déficit

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Le Théâtre de l'archevêché, à Aix-en-Provence
Le Théâtre de l'archevêché, à Aix-en-Provence
© Maxppp - Sophie Spiteri

Le festival "est affecté par les difficultés structurelles et conjoncturelles [...] et par des objectifs de recettes propres qui n'ont pu être atteintes", pointe le ministère de la Culture. La direction du festival d'art lyrique envisage une réduction de la voilure.

Coup dur pour l'un des plus grands rendez-vous européens d'art lyrique. L'État a déclenché une mission d'audit face à l'aggravation du déficit du festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence, dont la direction évoque une réduction de la voilure. "Le festival a alerté ses principaux partenaires publics et une mission a été immédiatement engagée pour analyser la situation et trouver des solutions à très court et moyen terme", a indiqué le ministère de la Culture à l'AFP, confirmant une information  du site d'investigation local Marsactu. Ce dernier évoque un déficit de "plusieurs millions d'euros", pour un budget annuel dépassant les 20 millions. Ni le ministère ni la direction du festival n'ont confirmé ces montants.

Le festival "est affecté par les difficultés structurelles et conjoncturelles que connaît le secteur de l'art lyrique, et par des objectifs de recettes propres qui n'ont pu être atteintes, entraînant une situation déficitaire", explique le ministère de la Culture. Une "mission d'audit flash" a ainsi été lancée dans la deuxième quinzaine de mars et devrait se poursuivre en avril, a précisé Stéphanie Deporcq, administratrice déléguée du festival : "Nous avons trouvé l'Etat et les collectivités extrêmement mobilisés pour travailler ensemble dans un contexte financier compliqué".

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Une réduction de la programmation étudiée

Stéphanie Deporcq souligne que les comptes du festival n'étaient pas encore arrêtés pour 2023, et s'est refusée à évaluer la grandeur au déficit. Une réduction de la programmation "fait tout à fait partie de ce dont nous discutons aujourd'hui" et devra se faire "en adéquation avec les moyens" disponibles, a-t-elle ajouté. La programmation de l'édition 2024 n'a en revanche été modifiée qu'à la marge, a-t-elle précisé, avec un seul rendez-vous supprimé, une représentation en concert des Vêpres siciliennes de Verdi.

Selon un rapport de la chambre régionale des comptes, rendu public en janvier, portant sur les exercices 2014/2020, le festival a été déficitaire quatre de ces sept années, avec un maximum de 148 901 euros de déficit en 2018 et un déficit cumulé de 188936 euros sur les sept exercices. Le rapport, sans épingler la gestion du festival, pointait cependant la "faiblesse des fonds propres", relevant que "les subventions publiques représentent en moyenne 38% des produits d'exploitation entre 2014 et 2019".

En décembre dernier, le festival annonçait sur  France Musique une édition 2024 en grande pompe, avec 48 levers de rideau au total, dans une période où beaucoup d'institutions et de rendez-vous lyriques sont en souffrance. "Nous sommes subventionnés seulement à un tiers de notre budget, ce qui est quand même très différent de la plupart des opéras, orchestres français, qui ont des niveaux de subventions très majoritaires", nous détaillait Stéphanie Deporcq. Une fragilité, car cela crée une dépendance au financement privé par la billetterie, le mécénat, les coproductions, et aussi une force, "car nous sommes organisés pour être attractifs." Mais un modèle qui, au vu du déficit épinglé aujourd'hui, montre sans doute ses limites.

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