Finances : le Festival d’Aix-en-Provence dans le rouge

- Publié le 11 avril 2024 à 11:53
Festival d’Aix-en-Provence
Le budget de 2023 ayant été largement dépassé, le ministère de la Culture doit rendre les résultats d’un audit dans les prochaines semaines. Une représentation a d’ores et déjà été annulée.

Un vent de panique souffle sur le Festival d’Aix-en-Provence dont les comptes ont révélé un trou conséquent dans le budget de l’année 2023. L’administratrice déléguée de l’événement, Stéphanie Deporcq, citée par le média local La Provence, évoque « un modèle économique fragile [qui] se percute avec une conjoncture économique tendue ». En cause : la hausse du coût des matières premières et la frilosité croissante des coproducteurs qui oblige le festival dédié à l’art lyrique à « porter beaucoup plus de risques ».

Trop peu de fonds propres

Quelques mois auparavant, la Chambre régionale des comptes avait rendu un rapport d’observation sur la gestion du festival de 2014 à 2020 qui se montrait plutôt positif, même s’il soulignait que l’association qui gère la manifestation avait été dans le rouge quatre de ces sept années avec un déficit cumulé de 188.936 euros, précise le média Sceneweb. L’instance relevait par ailleurs quelques faiblesses, notamment une trop grande dépendance aux subventions et trop peu de fonds propres. Or, à partir de 2020, la pandémie a fait des ravages, fragilisant les recettes liées à la billetterie, au mécénat, et aux coproductions, explique Stéphanie Deporcq, toujours selon La Provence.

Selon le directeur général adjoint François Vienne, cité dans un article du Monde paru en juillet dernier, le budget de 2023 s’élevait à 28,2 millions d’euros et comprenait 9,95 millions d’euros de recettes de mécénat et 9,15 millions de subventions publiques. « Les recettes propres représentent ainsi 60,3 % (en incluant le mécénat, la billetterie, les coproductions et captations), les aides publiques 32,4 %, et les 7,3 % restants proviennent − autre situation atypique − d’une partie de la taxe perçue sur le casino de la ville », notait le quotidien, qui mettait en avant le recours très important du festival au mécénat. La situation paraissait alors plutôt équilibrée. Difficile de comprendre comment les comptes ont pu déraper ainsi en si peu de temps, certains évoquant un déficit de plusieurs millions d’euros – ce montant n’a pas été confirmé – pour 2023, ce qui serait alors bien supérieur aux trous budgétaires précédents.

Pas de Vêpres

Mi-mars, l’État a lancé un audit qui « doit permettre d’obtenir une analyse visant à déterminer des solutions rapides et durables pour assainir et consolider notre modèle économique de manière durable », explique Stéphanie Deporcq, qui assure que le festival n’est pas en danger. L’administratrice déléguée précise néanmoins que le redressement pourrait prendre plusieurs années et que la programmation serait, dans ce laps de temps, sans doute réduite. Pour l’édition 2024, une seule représentation a été annulée : l’opéra Les Vêpres siciliennes de Verdi en version de concert, reporté à 2026.

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