Musique de cirque : une tradition bien vivante

Un groupe de clowns musiciens posant devant le cirque dans les années 1930 ©Getty - Camerique
Un groupe de clowns musiciens posant devant le cirque dans les années 1930 ©Getty - Camerique
Un groupe de clowns musiciens posant devant le cirque dans les années 1930 ©Getty - Camerique
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Composante fondamentale de l'art circassien, la musique a accompagné toute son histoire jusqu'à nos jours. Dans un ouvrage sélectionné pour le Prix du Livre France Musique-Claude Samuel 2024 qu'elle a co-dirigé, la docteure en arts du spectacle Karine Saroh revient sur cet art méconnu.

La musique s'invite sur la scène circassienne à l'occasion de la journée mondiale du cirque. La chercheuse et docteure en arts du spectacle Karine Saroh revient sur l'histoire de ce dialogue musical et acrobatique : "La musique apparaît dans le cirque à la fin du XVIIe siècle, au début de ce qu'on appelle le cirque moderne et notamment avec Philippe Asselet, qui a été le premier à créer une piste de 13 mètres de diamètre et à proposer de la voltige sur des chevaux." Si la musique apparaît sur la scène circassien, l'inverse se développe également à l'opéra, c'est l'objet d'étude du chercheur Bertrand Porot : "Ce sont deux milieux qui communiquent. On trouve à la même époque les premières traces d'acrobates à l'opéra." explique Karine Saroh.

MAXXI Classique
6 min

Des acrobaties sur fond de musique

C'est d'abord une musique d'inspiration militaire qui accompagne les acrobates : "Il y a beaucoup de cuivres, des rythmes entraînants qui viennent ponctuer et souligner le mouvement et la performance athlétique. La musique évolue ensuite au XIXe siècle lorsque les cirques s'installent dans des architectures en dur que l'on trouve un peu partout en France. Avec cette mutation, les spectacles se structurent progressivement en une succession de numéros, proches de ce qu'on connaît aujourd'hui. De même, les musiques qui les accompagnent évoluent avec et cohabitent dans ces espaces-là. Des mélanges s'opèrent entre la musique que l'on considère comme « savante » et la musique dite « populaire »." Dès lors, ce sont des airs d'opéra et d'opérette, de la musique classique et du jazz ou encore des musiques composées spécifiquement pour les numéros qui se font entendre au cirque.

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Loulou Gastet et la pantomime

Parmi les arts circassiens, la pantomime de cirque est en vogue tout au long du XXe siècle. Un succès qui ne laisse pas les compositeurs indifférents. C'est le cas de Loulou Gasté, qui compose La Perle du Bengal sur un livret des Frères Bouglione en 1954. "Les pantomimes de cirque sont des formes de spectacles fondés sur une histoire. Elles se jouaient dans ces cirques en dur, et notamment au cirque d'hiver à Paris où La Perle du Bengale a été créée. On y retrouve des disciplines de circassienne, des animaux, et aussi une grosse machinerie. Le cirque d'hiver disposait par exemple d'une piscine. Pendant l'entre-deux-guerres, Joe Sandry, un metteur en scène connu pour ses pantomimes de cirque, a travaillé avec Loulou Gasté. C'est une forme qui a totalement disparu aujourd'hui et que l'on oublie un peu dans l'histoire du cirque, mais qui est très intéressante puisqu'elle a rassemblé beaucoup de publics", explique Karine Saroh.

Quand le chant lyrique devient un numéro de cirque

Pantomime, mime, acrobaties, voltige : dans l'imaginaire collectif, le cirque est, plus qu'à la voix, associé au mouvement. Le chant y tient pourtant une place importante. "Le cirque a été majoritairement non-verbal dans son histoire, c'est pourquoi l'on n'y pense pas forcément. Néanmoins, au XXe siècle, ces cirques en dur sont relativement désertés et l'on voit apparaître un phénomène de diversification des propositions, notamment avec des numéros de chanteurs et de chanteuses lyriques. C'est quelque chose que l'on voit encore aujourd'hui. C'est le cas de la compagnie Baro d'evel, dans laquelle Camille Decourtye est à la fois circassienne et chanteuse lyrique." La place de la musique au cirque, n'a ainsi jamais cessé d'évoluer. En témoigne Alexis Grüss, décédé il y a quelques jours et auquel Karine Saroh rend hommage : "C'était un mélomane, un musicien, mais aussi un compositeur. Il défendait une musique pour le cirque et non pas une musique de cirque, afin de laisser à la musique toute son intégrité, dans une logique de mise en dialogue avec les arts du cirque. Il a été très important dans la défense de cette spécificité de répertoire de musique pour le cirque."

À retrouver aux Presses universitaires de Rennes :  Quelles musiques pour la piste ? Musique au cirque de la fin du XVIIe siècle à nos jours.

Programmation musicale

  • Louis Gasté (Compositeur)

    La perle du Bengale (opérette) : Caravane dans la nuit

    Pierre Guillermin (Chef d'orchestre), Armand Mestral (Basse (voix)), Janine Grenet

    Album Armand Mestral : les 100 titres d'or / Chants de la France profonde (2007)

    Label Marianne Mélodie (071865)

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