Guillaume Bellom, à la découverte du jeune Richard Strauss

Le pianiste Guillaume Bellom - Jean-Baptiste Millot
Le pianiste Guillaume Bellom - Jean-Baptiste Millot
Le pianiste Guillaume Bellom - Jean-Baptiste Millot
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Sept ans après la sortie de son premier album solo, Guillaume Bellom se consacre à l'enregistrement des œuvres pour clavier de Richard Strauss, méconnues du répertoire pianistique.

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C'est à Aix-en-Provence, il y a un an, que Guillaume Bellom entame l'enregistrement de son nouveau disque consacré aux œuvres de jeunesse pour clavier de Richard Strauss. Un an plus tard, l'album  Richard Strauss: Piano Works, le dixième de sa discographie et le deuxième en solo, vient de paraître chez Mirare.

Dans la peau du spectateur

À 31 ans, le pianiste n'en est pas à son premier enregistrement. Après toutes ces années, Guillaume Bellom a appris à apprivoiser les micros : "Au début on se retrouve un peu tétanisé de jouer devant ces micros qui captent les moindres petits défauts de notre jeu. Et puis on apprend à s'écouter différemment, à être plus indulgent et à adapter son oreille. Dans les premiers temps, on peut s'attarder sur des petits détails : une note qui sonne un peu trop par rapport à une autre. Puis le temps passe, et on a envie de capter  l'œuvre avec un peu plus de recul. Et pour ça, il faut simplement de l'expérience, il faut en enregistrer un certain nombre pour réussir à avoir ce détachement, être totalement dans la musique et oublier un un peu le reste." Pour Guillaume Bellom, il s'agit de se libérer des contraintes de prise de son pour arriver à la meilleure version possible, donner l'impression d'être dans une salle de concert. "C'est très personnel, mais j'aime les prises de son qui nous placent dans la peau d'un spectateur, avec ce qu'il faut de précision et d'espace sonore dans une salle de concert."

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Œuvres de jeunesse

Au programme de cet album, entre autres : la Sonate pour piano en si min opus 5, composée par Richard Strauss à l'âge de 17 ans. Cette œuvre de jeunesse, voire d'adolescence, laisse entendre les influences des compositeurs allemands sur le jeune compositeur. "Strauss a baigné dans la musique classique romantique allemande. On l'imagine écoutant du Schumann, du Brahms, du Mendelssohn, mais aussi beaucoup de Mozart. C'est son père corniste qui l'initie à cette musique. On entend qu'il l'a non seulement comprise, mais en a aussi fait son langage. Ces héritages musicaux parcourent la sonate opus 5, tout en préfigurant ce qu'il écrira plus tard." Le compositeur, rarement représenté dans la fleur de l'âge, est plus souvent associé à des œuvres orchestrales ou lyriques tardives.

Révélation Strauss

À l'origine de ce projet : Glenn Gould, qui a enregistré à la fin de sa vie les œuvres pour piano de Richard Strauss. "La découverte de cet album a été une révélation, et cela s'est poursuivi au moment de prendre la partition et d'aller au piano. Il y a des choses qui ne s'expliquent pas forcément, ça vous tombe sous les doigts ou pas. J'ai eu l'impression d'être tout de suite connecté à cette musique dès le déchiffrage. Il a fallu ensuite la travailler, mais ce rapport-là au déchiffrage est révélateur, on ne peut pas tricher avec ça."

Piano ou violon ?

Guillaume Bellom est pianiste. Mais il aurait aussi pu être violoniste puisqu'il étudie les deux instruments au Conservatoire de Paris dans les classes de Nicholas Angelich et Hortense Cartier-Bresson en piano, et celle de Roland Daugareil en violon. Puis il a fallu faire un choix : "J'ai beaucoup de mal à choisir mes plats au restaurant. Mais pour les instruments, paradoxalement, ça a été assez évident. Les choses se sont décidées d'elles-mêmes. J'avais plus d'engagement dans le piano, et j'ai donc travaillé cet instrument davantage." La pratique du violon a toutefois permis à Guillaume Bellom de mieux comprendre ses partenaires de musique de chambre : "Le violon m'a beaucoup apporté : savoir ce qu'est un archet et, par extension, un coup d'archet, savoir créer une ligne musicale. Au piano, on ne fait qu'appuyer sur des marteaux en essayant de donner l'illusion d'une ligne mais quand cette ligne-là est jouée avec un archet ça change beaucoup de choses." La vibration est l'un des éléments qui caractérisent son rapport au violon : "C'est ce qui me frappe dès que je reprends mon violon. Ce rapport à la vibration qu'on ressent moins au piano." Si Guillaume Bellom a choisi le piano, il garde son violon tout près de lui. Et peut-être aurons-nous un jour l'opportunité de l'entendre non pas derrière un clavier, mais avec un archet !

Retrouvez l'album  Richard Strauss - Piano Works chez le label Mirare.

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