Décès de Joséphine Markovits, figure historique du Festival d’Automne

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Décès de Joséphine Markovits, figure historique du Festival d’Automne

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Joséphine Markovits est décédée le 18 avril à l'âge de 77 ans
Joséphine Markovits est décédée le 18 avril à l'âge de 77 ans
- © Vincent Pontet / DR

Elle avait rejoint le festival dès sa création, en 1972, en tant qu’attachée de presse. Elle y avait été nommée quelques années plus tard directrice musicale. Grande figure de la création, elle nous a quittés à l’âge de 77 ans.

Elle n’aimait pas le terme de « musique contemporaine ». Elle lui préférait celui de « musiques d’aujourd’hui ». Figure emblématique du Festival d’Automne, Joséphine Markovits nous a quittés ce jeudi 18 avril, à l’âge de 77 ans. Elle a fait partie pendant plus de 50 ans de ce festival parisien, consacré aux arts contemporains. Elle y était arrivée en 1972 – année de sa création - en tant qu’attachée de presse aux côté de Michel Guy, son fondateur et premier directeur. Joséphine Markovits a par la suite pris en charge la programmation musicale avant de devenir directrice musicale. « Pour nous, c’est un grand vide et une grande page qui se tourne, nous dit Gérard di Giacomo, l'actuel adjoint au directeur général du Festival d’Automne.

Au cours de sa longue carrière, Joséphine Markovits n’a eu cesse de chercher de nouveaux visages pour les faire découvrir au public. « Je me souviens l’avoir vu programmer l’orchestre de George Russell dans les années 1980, alors qu’à l’époque, personne n’en parlait », raconte Arnaud Merlin, producteur à France Musique. Elle était aussi connue pour son exigence, notamment dans son travail avec les compositeurs. « C’était une personnalité très forte, d’une exigence incroyable avec elle-même et avec les autres. Elle avait ce souci permanent de présenter l’œuvre au plus proche de ce que souhaitait le compositeur. Elle était à leur écoute pour servir leur pièce jusqu’au bout », nous dit Gérard di Giacomo.

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La directrice musicale a collaboré avec les grands noms du XXe siècle : Berio, Stockhausen, Boulez pour ne citer qu’eux. « Elle a été très importante pour toute cette génération, explique Arnaud Merlin. Les grandes œuvres de Stockhausen - qui sont très dures à monter parce qu’elles demandent beaucoup d’investissement en temps, en personnels, en répétition, en costumes, etc. - elle en a montées énormément au Festival d’Automne. Elle a aussi beaucoup défendu Nono. »

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« Cette rencontre a été tout à fait déterminante »

Joséphine Markovits a su révéler des artistes à eux-mêmes comme ce fut le cas pour le compositeur George Benjamin à qui elle a commandé sa toute première œuvre scénique, Into the Little Hill. « Beaucoup de personnes m’avaient demandé de composer des opéras avant elle, mais c’est la seule qui a réussi à me décider, raconte-t-il. Cette rencontre a été tout à fait déterminante, capitale, centrale dans ma vie de compositeur. A la suite de Into the Little Hill, j’ai achevé en tout quatre opéras et, finalement, c’est grâce à elle que ca c’est arrivé. C’est elle qui a déclenché ce capacité chez moi. Ça a eu un impact gigantesque dans ma vie, et elle va me manquer pour toujours. »

Elle a aussi passé toute une partie de sa carrière à sillonner la planète à la rencontre des musiques traditionnelles et des compositeurs du monde entier. Elle s’était notamment prise de passion pour la musique des aborigènes. « À l’époque, on ne savait rien de cette musique, et on était encore loin des excuses présentées aux aborigènes par le gouvernement australien [en 2008]. J’ai fait deux fois le tour de l’Australie, ce n’était pas simple, ça a pris du temps. Quand Michel Guy nous envoyait quelque part, il n’y avait pas d’obligation de résultat. On avait le droit de se tromper en lançant un projet », racontait-elle dans les colonnes du Monde en 2021.

Hommages

Plusieurs personnalités du monde artistique comme le metteur en scène Antoine Gindt lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux. « Elle a soutenu des centaines d’artistes, compositeurs, chefs d’orchestre et ensembles musicaux ; fidélité, compagnonnage artistique et conviction ont été le fil rouge de sa carrière, écrit pour sa part le Festival d’Automne sur sa page Facebook. Emmanuel Demarcy-Mota et toute l'équipe du Festival d'Automne adressent leurs pensées à sa famille et ses proches. »

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