Alexandre Nevski : l'accord parfait de Prokofiev et Eisenstein

Serge¨Prokofiev et Sergeï Eisenstein en 1919. ©Getty - Sovfoto/Universal Images Group via Getty Images
Serge¨Prokofiev et Sergeï Eisenstein en 1919. ©Getty - Sovfoto/Universal Images Group via Getty Images
Serge¨Prokofiev et Sergeï Eisenstein en 1919. ©Getty - Sovfoto/Universal Images Group via Getty Images
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Ce matin Max Dozolme nous parle d’un film qui a marqué l’histoire du cinéma et de la musique puisqu’il s’agit d’Alexandre Nevski (1938) de Sergueï Eisenstein sur une musique prodigieuse de Sergueï Prokofiev.

Fin d’année 1937. La nuit et le brouillard s’apprêtent à tomber sur une Europe en crise et rongée par les dictatures. Parce que Staline voit d’un très mauvais œil les velléités expansionnistes d’Hitler, il demande à son réalisateur préféré, Sergeï Eisenstein de réaliser un film monumental qui vanterait la résilience du peuple russe et qui rappellerait à tous et notamment à Hitler qu’il ne vaut mieux pas défier la Russie sur ses terres. C’est ainsi que nait Alexandre Nevski, un film de guerre grandiose qui nous raconte un épisode de la vie d’Alexandre Nevski, ce soldat bientôt canonisé qui a réussi à stopper au XIIIe siècle, la croisade de chevaliers teutoniques sur les terres orthodoxes russes… Ces soldats germaniques qui s’avancent, les voici, ils marchent comme une ombre inhumaine et chantent des psaumes en latin qui ne veulent rien dire…

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Ce chant lugubre et faussement grégorien est le thème des Teutons ou plutôt des Allemands dans le film d’Eisenstein. Présentés comme les forces du mal, ils avancent en masse géométrique, en ligne ou en formation carrée et leur visage est caché sous des casques en forme de croix catholiques ou encore des mitres où sont tissées des croix gammées. Dans le film, ces Allemands ne sont pas vraiment humains contrairement aux Russes filmé en gros plan. Voici Alexandre Nevski et son peuple qui chantent eux, en russe, le visage découvert. Ils se rassemblent à l’appel du tocsin.

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MAXXI Classique
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L’opposition proposée entre le bien et le mal, entre deux visions du monde est perceptible à l’image comme dans la musique de Sergei Prokofiev et trouve son paroxysme au milieu du film, dans l’impressionnante scène de la bataille sur la glace. Quand l’armée russe défait les forces germaniques supérieures en nombre grâce au génie stratégique d’Alexandre Nevski. Ecoutez comment Prokofiev nous donne à entendre la débâcle des Teutons. Il dissout tout simplement leur thème musical et le fait même dissoner face à la charge des Russes…

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Afin de coller au mieux au caractère et au rythme des images, Prokofiev se rendait chaque jour dans la salle de projection pour noter des thèmes qu’il orchestrait le soir même à la maison avant de revenir auprès d’Eisenstein. Ce sens de la dramaturgie associé à une mémoire et une rapidité d’exécution tout bonnement exceptionnelles fait de cette scène de bataille sur la glace un véritable modèle pour toute grande scène de bataille épique du cinéma à venir, et faisait même dire à Eisenstein dans les années 40 que Prokofiev n’est pas seulement l’un des plus grands compositeurs de son temps mais également l’un des plus grands compositeurs du cinéma.

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