Déclaration de revenus : un casse-tête pour les musiciens ?

Comme toutes les personnes domiciliées en France, les musiciens ont jusqu'à fin mai 2024 pour déclarer leurs revenus ©AFP - Hans Lucas
Comme toutes les personnes domiciliées en France, les musiciens ont jusqu'à fin mai 2024 pour déclarer leurs revenus ©AFP - Hans Lucas
Comme toutes les personnes domiciliées en France, les musiciens ont jusqu'à fin mai 2024 pour déclarer leurs revenus ©AFP - Hans Lucas
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Les musiciens multiplient les projets, cumulant souvent contrats en France et à l'étranger, et doivent par conséquent tenir compte de ces spécificités dans leurs déclarations. Alors, comment déclarer ses revenus quand on est musicien indépendant ? Réponse avec le comptable spécialisé Stéphane David.

La période de déclaration des revenus est arrivée : les documents sont à remplir avant le 21 mai sur papier ou, suivant les zones, entre le 23 mai et le 6 juin sur internet. Si cette déclaration concerne tous les contribuables, elle peut se révéler particulièrement complexe pour les musiciens. "Il y a toutes sortes de musiciens. Certains sont très organisés, d'autres beaucoup moins", note Stéphane David, comptable spécialiste des musiciennes et musiciens depuis une vingtaine d'années. La première chose à faire est donc de distinguer leur statut : le statut d'un salarié classique pour un musicien d'orchestre par exemple, "dont les frais sont généralement tous pris en charge par la structure", et le statut d'un musicien intermittent, "qui bénéficie de moins de défraiements, notamment lorsqu'il dépasse un certain montant de cachet. Dans ce cas, ses défraiements vont surtout concerner le transport et couvrir un seul aller-retour pour une même production".

Musiciens intermittents : de quoi sont composés les revenus ?

Le salaire d'un musicien intermittent est alimenté par diverses sources. "Un musicien travaillant exclusivement en France va percevoir des salaires, des indemnités de Pôle emploi, des congés spectacles mais aussi des revenus provenant de ses droits grâce à la SPEDIDAM, l'ADAMI, la SAI. Ces sources constituent la base des revenus d'un musicien intermittent. Mais ,selon leurs activités, les musiciens peuvent aussi percevoir des royalties s'ils produisent et vendent des disques, certains ont aussi une activité d'auteur à côté, ce qui leur permet de bénéficier de droits de la part de la SACEM ou de la SACD s'ils écrivent une musique ou un spectacle vivant par exemple".

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Intermittence et travail à l'étranger : comment déclarer ses revenus ?

Lorsque l'on est intermittent, il est impératif de déclarer chacune des activités réalisées à l'étranger grâce au formulaire 2047 disponible en ligne. Il faut ensuite comprendre si une retenue d'impôts à la source a été effectuée sur les revenus perçus dans le pays en question. Si tel est le cas, il sera possible de déduire cet impôt de la déclaration de revenus faite en France. C'est ce que l'on appelle "bénéficier d'un crédit d'impôt" sur sa propre déclaration de revenus. Dans tous les cas, il est nécessaire de se reporter à la convention signée entre le pays en question et la France pour comprendre la manière dont on peut ou non déduire l'impôt appliqué sur le salaire, afin d'éviter d'être imposé deux fois sur le même revenu.

Intermittence et frais : que puis-je déduire sur ma déclaration ?

Afin d'éviter les problématiques liées aux divers frais des musiciens, les impôts ont mis en place un dispositif de forfaits. Il en existe deux types, qui sont cumulables :

  1. Un forfait de 14% qui concerne les dépenses liées à l'instrument
  2. Un forfait de 5% qui concerne les dépenses liées à la représentation : tenues de concert, pupitre, frais de communication, partitions, etc

Intermittence et espace de travail

Point peu connu : un musicien intermittent peut déduire une partie de son habitation de la déclaration de revenus pour des raisons professionnelles. "A charge, pour le musicien, de déterminer la part de son habitation dédiée à l'usage instrumental ou vocal. Pour un appartement de 50 m2 par exemple, si un quart de l'espace sert à la pratique instrumentale, il est possible de déduire 25% des charges de l'espace à titre professionnel, ce qui inclut le loyer, l'énergie, l'assurance de l'appartement. Si l'on est propriétaire avec un prêt immobilier, il est possible de déduire les intérêts et l'assurance du prêt ainsi que les charges de copropriété, l'énergie et la taxe foncière".

  • Pour aller plus loin: le  guide fiscal 2024 de La Lettre du Musicien vient de paraître, au prix de 13 euros
Esprit pratique
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