Ton Koopman : "Baroque et rock, c'est assez proche !"

Le chef d'orchestre, organiste, claveciniste et musicologue Ton Koopman
Le chef d'orchestre, organiste, claveciniste et musicologue Ton Koopman
Le chef d'orchestre, organiste, claveciniste et musicologue Ton Koopman
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Quel est l'avenir de la musique baroque selon Ton Koopman ? Le chef, organiste, claveciniste, musicologue et collectionneur célèbre fête cette année ses 80 ans et dresse le bilan d'une carrière entièrement dédiée au baroque. Il dirige bientôt l'Orchestre de Chambre de Paris dans Bach et Haendel.

Avec
  • Ton Koopman Organiste, claveciniste et chef d’orchestre néerlandais (1944, Zwolle, Pays-Bas)

Ton Koopman est une légende vivante de la musique baroque, l'un de ses enfants terribles aussi. Élève de Gustav Leonardt, héritier de l'école néerlandaise de musique ancienne, le chef d'orchestre n'a rien perdu de son enthousiasme.

Le swing baroque

C'est de son père, ancien musicien de jazz, que le baroqueux joyeux tient son énergie. Pour faire du baroque, il faut que la musique swingue ! "Baroque et rock, c'est proche", plaisante le chef d'orchestre qui a consacré toute sa carrière à la musique des XVIIe et XVIIIe siècles. "Maintenant, je fais un tout petit peu de musique du XIXe siècle, mais pas trop. Je dirige de temps en temps Beethoven, Mendelssohn ou Schubert" confesse celui qui n'a jamais dirigé une œuvre plus tardive que le Requiem de Schumann. "La musique de Beethoven, c'est nouveau pour moi. On m'a souvent demandé de diriger la Neuvième Symphonie. Mais j'ai longtemps refusé. C'était trop moderne. Puis, au bout de quatre ans, j'ai accepté. Mendelssohn c'est facile, parce que c'était un grand amateur de Jean-Sébastien Bach. En ce qui concerne Schubert, j'ai joué beaucoup de ses airs pour chant et piano, en secret avec des amis", confie l'organiste et claveciniste.

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De la musique ancienne jouée par des orchestres modernes

Lorsque Ton Koopman a commencé à diriger des orchestres modernes, les techniques d'interprétation baroque étaient encore peu répandues et enseignées. "Le vibrato des instrumentistes à cordes était tremblant, comme celui d'un moustique ! J'ai alors demandé aux musiciens de se concentrer davantage sur l'archet que sur le vibrato. Aujourd'hui, ils apprécient ces techniques et aiment faire autrement. Ils ont compris qu'un Beethoven avec beaucoup de vibrato ne sonnait pas bien".

Les orchestres baroques en déficit ?

Ton Koopman montre du doigt une baisse des financements de la musique baroque  aux Pays-Bas. "On nous dit souvent que ce sont des personnes âgées qui pratiquent la musique baroque, mais ce n'est pas vrai. Je suis le seul âgé, tous les musiciens ont entre 30 et 45 ans. Je suis devenu aujourd'hui le sponsor de mon propre orchestre car nous avons perdu nos subventions." Pourtant, l'Orchestre Baroque d'Amsterdam, que le chef d'orchestre a fondé il y a 45 ans, est toujours en vie ! C'est avec ses musiciens qu'il enregistre l'intégrale des cantates de Jean-Sébastien Bach. Là encore, Ton Koopman déplore le manque de soutien à la musique baroque : "C'est un projet que nous avons commencé chez Erato et je dois dire que ce label a été notre grand ami. Mais j'ai ensuite dû créer ma propre maison de disques pour continuer le travail et finir l'œuvre de Bach", explique le chef d'orchestre qui est allé jusqu'à hypothéquer sa maison pour finir cette intégrale. "Tout est remboursé maintenant, mais ça a duré longtemps ! Parce que le marché des disques est en baisse constante."

Musicien et collectionneur

Malgré les difficultés financières que rencontre la musique baroque, Ton Koopman ne baisse pas les bras et continue à plonger dans de nouvelles partitions régulièrement. Des pièces dont il aime collectionner les manuscrits. "Je pense que si l'on joue de la musique d'un autre temps, on doit connaître tout ce qui se passe autour. Et sans faire une lecture académique de ces partitions, il convient néanmoins de connaître l'époque dans laquelle chaque pièce a été composée." explique le musicologue qui possède plus de 40 000 albums de musique, des manuscrits originaux, dont l’édition originale du livret de la Passion selon Saint-Jean de Bach.

Retrouvez Ton Koopman  ce jeudi 25 avril au Théâtre des Champs Elysées avec l'Orchestre de Chambre de Paris.

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