La Sicilienne de Gabriel Fauré : les mélismes de Mélisande

Miss Mary Garden jouant le rôle de Mélisande dans Pelléas et Mélisande (1902) de Claude Debussy (1862-1918), représenté à l'Opéra de Paris en 1902. ©Getty - DEA PICTURE LIBRARY/De Agostini
Miss Mary Garden jouant le rôle de Mélisande dans Pelléas et Mélisande (1902) de Claude Debussy (1862-1918), représenté à l'Opéra de Paris en 1902. ©Getty - DEA PICTURE LIBRARY/De Agostini
Miss Mary Garden jouant le rôle de Mélisande dans Pelléas et Mélisande (1902) de Claude Debussy (1862-1918), représenté à l'Opéra de Paris en 1902. ©Getty - DEA PICTURE LIBRARY/De Agostini
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Une petite pièce miraculeuse composée pour la pièce de théâtre "Pelléas et Mélisande" de Maurice Maeterlinck et dans laquelle le chant d’une flûte nous transporte dans des siècles très lointains et une ambiance amoureuse, ouatée et féérique…

À l’ombre des tilleuls, on y voit plus clair. Au bord d’une fontaine de marbre qui fait jaillir l’eau froide, les désirs et la vie, l’amour de Pelléas et Mélisande surgit aussi… Pour évoquer le rapprochement des deux jeunes amants qui se cachent de la jalousie dangereuse de Golaud, le demi-frère de Pelléas et époux de Mélisande, Gabriel Fauré nous fait entendre au début de l’acte II de la pièce de théâtre de Maeterlinck, un thème gracieux qui s’élance dans les airs. C’est une sicilienne, une danse traditionnelle et romantique venue d’Italie identifiable par son rythme. Et la mélodie de flûte qui se déploie sur ce rythme galant est un grand arpège, une gerbe musicale qui jaillit au milieu d’un bain de notes de harpes et de cordes feutrées, ombragées. Ce thème, léger et galant, comme susurré à notre oreille nous donne à imaginer les échanges à voix basse de nos deux amoureux au bord du bassin.

4 min

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L’origine de cette partition est aussi celle d’un coup de foudre. Celui de l’actrice Mrs Patrick Campbell, une actrice britannique qui était fasciné par la pièce de théâtre de Maurice Maeterlinck et plus précisément par le personnage de Mélisande, au point de dire : « Je connaissais Mélisande comme si elle avait été une partie de moi-même avant que mes yeux ne se soient ouverts. Je savais que je pourrais donner à la beauté des mots, couleur, forme et sonorité. » Passionné par ce personnage, elle demanda dans un premier temps à Debussy puis à Gabriel Fauré de composer une musique de scène qui pourrait accompagner une adaptation incarnée par elle de la pièce de théâtre Maeterlinck.

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MAXXI Classique
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Mais comme Fauré était très occupé, il confia à son élève Charles Koechlin l’orchestration des dix-neuf scènes musicales qui accompagnent le drame de Maeterlinck et surtout il alla chercher des partitions plus anciennes capables, selon-lui d’incarner l’amour de Pelléas et Mélisande. C’est le cas de cette Sicilienne qui au départ a été composé bien avant l’année 1898 pour un contexte tout à fait différent à savoir une autre musique de scène écrite pour Le Bourgeois Gentilhomme de Molière.

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Qu'elle évoque le faste de Versailles au XVIIe siècle ou la révélation des sentiments de Pelléas et Mélisande, qu’elle soit jouée par des musiciens classiques à la guitare, au violoncelle, au violon, au hautbois, à l’orgue ou par le saxophone soprano plein de révérence de Branford Marsalis, au fond peu importe car demeure toujours cette même magie. Cette fulgurance de Gabriel Fauré, le grand mélodiste qui avait ému Maeterlinck lui-même, lui extirpant cet éloge parmi les éloges : « Vous m’avez donné l’émotion de beauté la plus complète, la plus douce et la plus harmonieuse que j’aie peut-être éprouvée jusqu’ici. »

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