Koko : Duke Ellington en son chef d’œuvre

Duke Ellington en 1944. ©Getty - PhotoQuest
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C’est le nom d’un ouvrage écrit en 2011 par Alain Pailler que les éditions Frémeaux et Associés ont décidé de rééditer. L’occasion de se plonger dans cette composition étonnante de Duke Ellington, un bijou de jungle jazz et que le spécialiste du Duke considère comme un chef-d'œuvre.

Le 6 mars 1940 dans les studios de la compagnie RCA Victor, la marque au petit chien mélomane, le trompettiste Cootie Williams, le saxophoniste Ben Webster, Duke Ellington au piano et tous les membres du légendaire big band du Duke font rugir leurs instruments. Les micros sont au bord de la saturation et gravent pour l’éternité ces cris esthétisés, instrumentaux, ces riffs acerbes écrits dans la sombre tonalité de mi bémol mineur.

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Sur le swing lourd de la contrebasse et les martèlements de tambours dans les graves, entre des solos, des breaks et des envolées de piano et d’accords tordus d’Ellington, saxophones et trompettes échangent des phrases musicales qui peuvent s’entendre selon Alain Pailler comme une évocation des chants des esclaves qui se réunissaient, tout au long du 19e siècle à Congo Square. La place Congo, un terrain vague de la Nouvelle Orléans qu’Alain Pailler décrit comme étant un « lieu de manifestations quasi primitives au cours desquelles les Noirs s’employaient à renouer le lien avec la terre-mère, au travers de chants et de danses affirmant la survivance de l’esprit africain par-delà déportations et servitudes. »

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Alain Pailler fait aussi un lien entre les percussions violentes de Koko et les instruments rudimentaires que l’on pouvait entendre à Congo Square : « Des calebasses remplies de galets, des mâchoires d’animaux, des guimbardes, des marimbas, des petits tambours que l’on nomme des bamboulas, des banjos à quatre cordes… »

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A noter d’ailleurs qu’à côté de ce remarquable Koko dont le nom peut évoquer le mot cocoa, cacao ou encore le terme Kalina, un mot qui désigne justement des danses frénétiques, d’allure et d’essence dionysiennes que l’on pouvait entendre hier à Congo Square, Duke Ellington a aussi composé une autre pièce remarquable dans ce style de jungle jazz et qui porte justement le nom de Congo Square !

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Une pièce enregistrée en 1956, seize ans après Koko faite elle aussi de « sonorités bariolées, sauvages, orthodoxes » de « féroces explosions gutturales, d’espèces de rugissement joyeux fréquemment adossés à la trame harmonique du blues et qui deviendront », pour reprendre encore les mots d’Alain Pailler, « vite indissociables de l’expressionnisme musical ellingtonien. »

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