Andreas Scholl, contreténor : "Quand j'incarne une femme, je ne me sens pas travesti"

Le contreténor Andreas Scholl fait paraître un nouvel album, "Invocazioni Mariane" sur le label Naïve - Denis Rouvre
Le contreténor Andreas Scholl fait paraître un nouvel album, "Invocazioni Mariane" sur le label Naïve - Denis Rouvre
Le contreténor Andreas Scholl fait paraître un nouvel album, "Invocazioni Mariane" sur le label Naïve - Denis Rouvre
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Porté aux nues par le public, qui n'a pas oublié ses albums légendaires, "O Solitude", "Crystal Tears" ou encore "Wanderer", Andreas Scholl revient au disque avec “Invocazioni Mariane". Le célèbre Stabat Mater de Vivaldi y côtoie des airs d’oratorios napolitains du début du XVIIIe siècle.

Avec

À quelques semaines d'un Jules César en Égypte de Haendel aux côtés de Cecilia Bartoli, à Versailles, et à quelques mois d'un retour au  Festival de Beaune, dont il est l'une des figures, le grand chanteur allemand Andreas Scholl fait paraître un nouvel album : Invocazioni Mariane, avec l'Accademia Bizantina et le chef Alessandro Tampieri. Un disque qui réunit des œuvres religieuses composées pour célébrer la figure mariale. Le célèbre Stabat Mater de Vivaldi - qu’Andreas Scholl enregistre ici pour la 3e fois - côtoie un Salve Regina plus confidentiel de Pasquale Anfossi, et des extraits d’oratorios de deux compositeurs napolitains du début du 18e siècle, Nicola Porpora et Leonardo Vinci. On trouve enfin sur ce disque le Concerto pour violon de Pergolèse, dont les thèmes évoquent son non moins célèbre Stabat Mater.

L'humanité avant le genre

Comme à l'opéra, dans les airs d'oratorios, les contreténors interprètent souvent des rôles de femmes : Marie-Madeleine ou encore la Vierge Marie. Mais pour Andreas Scholl, "l'humanité passe avant le genre", comme il l'écrit dans le livret de son album Invocazioni Mariane. "Il y a des éléments masculins et féminins qui sont universels mais parfois rejetés, parce que selon la société, selon l'époque, il y a des choses que les hommes ne font pas, que les femmes ne font pas. Mais à la fin, c'est la même expression humaine. Et pour moi, chanter les rôles féminins dans ce type d'oratorios, ce n'est pas être travesti. J'exprime plutôt l'humanité, parce qu'on a des émotions qui sont universelles pour tous les sexes."

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Disques de légende
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Un acteur qui chante

"Tu n'es pas un chanteur, tu es un acteur qui chante" disait Richard Levitt à propos d'Andreas Scholl, l'un de ses deux mentors avec René Jacobs. "Richard Levitt était capable de simplifier les moments complexes du chant dans une phrase compacte, comme une clé qui ouvre vers la complexité. On oublie souvent, en tant que chanteur, que chaque mot a une signification. Par exemple, si dans une chanson de John Dowland je dis « hate » et « love », chacun des mot a un son qui contient sa signification. C'est comme dans « sospiro » en italien. Et lorsque le texte n'est pas dans ma langue maternelle, je dois faire une traduction mot par mot. À la fin, je ne chante pas, mais je délivre un message au public, un message écrit par le compositeur il y a 250 ou 300 ans. Par exemple, pour Bach, le message ce n'était pas d'offrir du divertissement dans une salle de concert. Le message de Bach, c'était de sauver l'âme humaine. « Sauvez les chrétiens », telle était l'idée de Bach."

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