Un opéra en langue arabe donné pour la première fois en Arabie Saoudite

Riyad, capitale de l'Arabie Saoudite ©Getty - Abdurrahman Moid
Riyad, capitale de l'Arabie Saoudite ©Getty - Abdurrahman Moid
Riyad, capitale de l'Arabie Saoudite ©Getty - Abdurrahman Moid
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C'est inédit : Riyad crée son premier grand opéra, "Zarqa Al Yamama", au Centre culturel King Fahad. Une production qui réunit talents saoudiens et chanteurs internationaux de renom autour d'un livret en langue arabe. La musique a été confiée au compositeur australien Lee Bradshaw.

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Ce jeudi 25 avril avait lieu la première représentation de Zarqa Al-Yamama, une oeuvre présentée comme le premier grand opéra en arabe et le premier ouvrage lyrique produit par l'Arabie Saoudite. La production continue jusqu'au 4 mai, au Centre culturel King Fahad, l'un des grands monuments de la capitale qui accueille chaque soir 2700 personnes.

Un livret en langue arabe

C'est le pari qu'a fait l'Arabie Saoudite : commander un opéra en langue arabe inspiré d'une légende de l'Arabie préislamique. L'histoire raconte la vie d'une femme dotée d'un don de clairvoyance, une prophétesse prévoyant l'attaque d'une armée rivale sur sa tribu, mais que son peuple n'écoute pas.

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Si l'Arabie Saoudite a longtemps été réfractaire à la culture occidentale, dont l'opéra est peut-être l'un des symboles artistiques les plus représentatifs, la situation évolue depuis un peu plus d'une décennie, et l'année 2020 a par exemple été marquée par la création, au sein du ministère de la Culture saoudien, d'une Commission pour le théâtre et les arts de la scène. Un opéra donc, mais en langue locale, à la différence de Dubaï ou Mascate qui avaient toutes les deux choisi d'inaugurer leur salle d'opéra avec un opéra occidental. "C'est vraiment un ancrage territorial, dans la culture du pays. L'Arabie Saoudite veut montrer qu'elle sait faire de l'opéra, mais un opéra qui puise dans ses racines", nous explique, depuis Riyad, le journaliste Richard Martet d'Opéra Magazine, qui a assisté à la première.

5 min

Une dimension artistique internationale

Si Zarqa Al-Yamama célèbre la langue et la culture arabes, l'objectif de cette création n'en est pas moins de favoriser les échanges culturels. En effet, la production et la distribution lyrique incluent des artistes saoudiens mais aussi des artistes du monde entier : le compositeur australien Lee Bradshaw, le metteur en scène suisse Daniele Finzi Pasca, le chef d'orchestre espagnol Pablo González, la soprano britannique Sarah Connolly dans le rôle-titre ainsi que des chanteurs macédonien et italiens. Une volonté de collaboration internationale dans la lignée d'une opération lancée par le pays il y a plusieurs années : construire des maisons de la culture sur tout le territoire pour commencer l'étude de la musique à l'école. "Cette démarche vise à reproduire avec la musique et la danse ce qui existait déjà pour le théâtre dans les années 2010".

Le Grand Tour
10 min

Une musique facilement accessible

"C'est davantage un livret d'oratorio qu'un livret d'opéra. Mais après tout, pourquoi pas ?", commente Richard Martet.**  Une heure et cinquante minutes de musique en tout, une partition en deux actes "qui s'écoute avec beaucoup de plaisir", sans pour autant marquer par son originalité, précise-t-il. "Il y a un côté très statique parce qu'il ne se passe pas grand-chose sur scène. Mais la mise en scène de Daniele Finzi Pasca est luxueuse et imaginative, avec des vidéos absolument sublimes. On ne s'ennuie pas un instant. Ce que l'on entend, c'est une musique agréable, très influencée par la musique arabe et la musique moyen-orientale, notamment dans les lignes vocales. La musique de l'orchestre se rapproche de la musique de film. On est souvent entre Le Seigneur des Anneaux et La Guerre des Étoiles, mais ça sonne très bien. Et puis la musique est magnifiquement chantée, notamment par la soprano australienne Amelia Wawrzon qui déploie une superbe ligne mélodique aux côtés de Sarah Connolly dont la partie beaucoup plus récitative est axée sur la déclamation".

Seul bémol de la soirée selon Richard Martet, le Centre culturel King Fahad : une immense structure construite il y a trente ans, mais qui n'est pas faite pour l'opéra. "Il y a une fosse, bien évidemment, mais la salle est gigantesque, elle n'est pas équipée pour une acoustique d'opéra et il a fallu sonoriser les voix". Mais la construction d'un opéra à Djeddah a déjà commencé et un autre chantier de construction d'opéra à Riyad est prévu, à l'horizon 2027. Un objectif culturel, mais aussi financier : la diversification de l'économie par le secteur culturel est en effet un moyen, sur le long terme, de prendre le relais du secteur pétrolier.

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