"Je jouerai jusqu'à ce que mort s'ensuive" : pour Natalie Dessay, le bonheur est dans le théâtre

Dans l' "Impresario de Smyrne", Natalie Dessay incarne Tognina, une chanteuse vénitienne - Dominique Breda
Dans l' "Impresario de Smyrne", Natalie Dessay incarne Tognina, une chanteuse vénitienne - Dominique Breda
Dans l' "Impresario de Smyrne", Natalie Dessay incarne Tognina, une chanteuse vénitienne - Dominique Breda
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Comment passe-t-on de cantatrice à comédienne ? Natalie Dessay est, jusqu'à dimanche, à l'affiche de l' "Impresario de Smyrne", au Théâtre de l'Athénée. France Musique l'a rencontrée juste avant une représentation.

Comment passe-t-on de cantatrice à actrice ? Natalie Dessay est bien placée pour répondre. Neuf ans après ses adieux à l'opéra, elle est désormais reconvertie dans le théâtre, en ce moment à l'affiche de L'Impresario de Smyrne de Goldoni, au Théâtre de l'Athénée à Paris jusqu'à dimanche, dans une mise en scène de son ami Laurent Pelly. Natalie Dessay y chante - un peu - mais s'y révèle surtout en tant qu'actrice, dans sa toute première comédie. France Musique l'a rencontrée.

"Jouer au théâtre n'a rien à voir avec jouer à l'opéra"

Il y a quelque chose d'opératique dans L'Impresario de Smyrne, avec ses divas qui se battent pour décrocher le rôle de prima donna. Mais Natalie Dessay est formelle : "Jouer au théâtre, cela n'a rien à voir avec jouer à l'opéra". La cantatrice a dû sortir du jeu très stéréotypé de l'opéra, dit-elle. Au théâtre, l'acteur doit tout construire, tout inventer, à commencer par sa voix : "Placer sa voix au théâtre, la porter au théâtre, ce n'est pas du tout la même chose que chanter. Alors bien sûr, il faut respirer et savoir respirer, ça je sais le faire. Mais il fallait que je trouve ma voix parlée, pratiquement jamais utilisée à l'opéra."

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Et puis au théâtre, il y a cette importance du collectif, sans doute bien plus qu'à l'opéra : "Au théâtre, nous sommes beaucoup plus dépendants les uns des autres. À l'opéra, chacun fait son truc un peu dans son coin. Je comparerais cela à un numéro de trapèze ballant. Le théâtre, ça serait le trapèze à plusieurs : on se rattrape, on se lance, et on est vraiment très dépendants les uns des autres."

Natalie Dessay trouve son bonheur dans le théâtre, qu'elle a pratiqué jeune femme au Conservatoire de Bordeaux, et auquel elle est revenue en 2015. Mais L'Impresario de Smyrne est sa toute première comédie : "J'adore les textes très littéraires. J'ai joué Howard Barker, j'ai joué Marie NDiaye, Stefan Zweig. Ce sont des auteurs sérieux, pas forcément drôles. Mais là, c'est une franche comédie, même si elle est noire et grinçante. On s'en donne quand même à cœur joie avec les ruptures, les effets de voix..."

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"Cette pièce parle de notre vie à nous, les artistes"

Et la pièce résonne avec les difficultés que rencontrent les artistes, dans un contexte économique compliqué. "Rien n'a changé ou presque" depuis l'époque de Goldoni, estime Natalie Dessay : "Cette pièce parle de notre vie à nous, les artistes. De ces artistes qui veulent absolument exercer leur métier, en vivre, et qui sont dépendants des gens qui ont de l'argent, des mécènes notamment, des impresarios, de ceux qui montent des spectacles. Tellement dépendants d'ailleurs qu'ils sont accrochés à toutes les illusions que l'on peut leur faire percevoir. Dès qu'on leur dit que l'on va monter un opéra, que l'on va aller à Smyrne, que cela va être formidable... Et bien sûr, les choses ne vont pas se passer tout à fait comme ils l'espèrent."

Natalie Dessay, elle, compte bien continuer à fouler les planches, "jusqu'à ce que mort s'ensuive". Bientôt, notamment, dans la comédie musicale Gipsy. Son rêve : jouer du Marivaux. Un rêve qui se réalisera peut-être, nous dit-elle, l'année prochaine.

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