L’accord de Jimi Hendrix: de Purple Haze à Foxy Lady

17 mars 1967, les Etats-Unis sont plongés dans une brume opaque, saturée et violette. Purple Haze, le deuxième single du Jimi Hendrix Experience fait tourner la tête des auditeurs. Il faut dire que cette chanson d’amour psychédélique et violente et dont le nom s’inspire d’une variété de marijuana, ouvre des horizons musicaux nouveaux. Premier élément remarquable, une boucle composée uniquement d'accords majeurs : mi majeur, sol majeur, la majeur.

Petite subtilité, la note de sol, tantôt dièse (Mi Majeur) tantôt bécarre (Sol Majeur) qui donne un côté blues à ce riff brumeux. Mais ce n’est pas tout. Au lieu de commencer son couplet par un simple accord de Mi Majeur. Jimi Hendrix le tend un peu plus, le sensibilise en ajoutant une quatrième note, qu’on appelle une septième, une note de ré et qui n’a, dans le contexte, rien à faire là. Il rajoute même un sol bécarre, qui dissone, frotte avec le sol dièse et qui donne un côté encore plus tendu et nerveux à ce premier accord de mi majeur. C’est cet accord, dit de septième de dominante avec une neuvième augmentée (7#9) que l’on a pu baptiser l’accord de Jimi Hendrix  !

En effet, Jimi Hendrix adorait cet accord ambivalent, dissonant et qui ne se résout pas de manière académique. On le retrouve par exemple dans l’un de ses autres tubes à savoir la chanson Foxy Lady.

Si Jimi Hendrix généralise l’emploi de cet accord de septième de dominante avec une neuvième augmentée, il n’est pas le seul pourtant à l’utiliser. On le retrouve par exemple beaucoup dans le blues dont il est issu, ou le jazz et même scandé dans la chanson The Word des Beatles !

Et si l’on remonte encore le temps, on le retrouve même dans le classique, par exemple chez Debussy afin d’évoquer d’autres ambiances musicales aussi brumeuses par exemple dans sa pièce Feuilles Mortes.