Quelle est la meilleure version du Concerto pour piano de Grieg ? Radu Lupu pesant, Leon Fleisher démoniaque : Bertrand Boissard, Melissa Khong et Alain Lompech élisent la version de référence du Concerto pour piano d’Edvard Grieg.
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Les commentaires des gagnants seront lus à l'antenne par Jérémie Rousseau la semaine suivante.
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Le compte rendu de Jérémie Rousseau
Le LSO, bien statique sous la battue d’André Previn, force le trait, Radu Lupu livre un jeu appuyé, et Grieg, privé de sa jeunesse et de sa fraîcheur, n’y trouve pas son compte.
Ce ton ne convient plus aujourd’hui. Tout comme cette vision assignant à l’orchestre (un Philharmonia à la peine) le rôle de sage accompagnateur. La clarté, le jeu galbé, le sens du rebond et l’art aristocratique de Dinu Lipatti ne suffiront pas : où est l’indispensable fièvre?
Soulignons d’abord la prise de son grandiose, qui insuffle à ce Grieg des accents hollywoodiens. Par sa tenue rythmique, le premier mouvement ébouriffe, mais le narcissisme et le ton emphatique des deux interprètes, des Javier Perianes et Sakari Oramo pourtant superlatifs, annihilent les efforts : splendide, mais creux.
Et si nous découvrions le Concerto d’une oreille neuve ? D’un toucher vivant et malicieux qui fait chanter et danser sa partie, Shani Diluka se glisse au sein d’un orchestre aux teintes chambristes pour, main dans la main avec le chef, ciseler un grand corps sonore en mouvement. Éthéré, confidentiel, le nocturne de l’Adagio est peu à peu gagné par l’exaltation, tandis que le final va au bout de ses idées avec la même conviction. S’il existe des pianos plus spectaculaires, il faut souligner le soin et la cohérence constante de cette proposition.
Leif Ove Andsnes s’avance, sans apprêt ni sophistication, dans un Grieg qui mêle le rêve et la fougue. Il a pour complices les timbres fruités d’une Philharmonie de Berlin réglée au cordeau, jouant net et sans faute de goût, avec ce qu’il convient d’énergie et de sourire, sous la direction de Mariss Jansons. Mais le mouvement lent s’enlise, magnifique tableau où la passion s’étiole. Le final retrouve des couleurs, à défaut de passion, de frissons, d’étincelles.
Il y a d’abord la direction magistrale de George Szell, à la tête d’un Orchestre de Cleveland tendu comme un arc, sans épanchement superflu, qui forme l’écrin idéal pour le piano hors-norme de Leon Fleisher. Après l’effet d’improvisation de l’entrée, le virtuose enfourche le Concerto comme s’il était du jeune Brahms, irrésistible de poésie, d’effervescence et d’imagination digitale. La fusion soliste/orchestre touche au miracle dans le chant éperdu du mouvement lent, qui lance des lueurs lugubres. Avant un final dément dans sa péroraison et son exaltation mâtinée de violence sombre.
Palmarès
N°1 : Version F
Leon Fleisher, Cleveland Orchestra, dir. George Szell
Sony (1963)
N°2 : Version B
Leif Ove Andsnes, Orchestre philharmonique de Berlin, dir. Mariss Jansons
Warner (2002)
N°3 : Version D
Shani Diluka, Orchestre national Bordeaux Aquitaine, dir.** Eivind Gullberg Jensen
Mirare (2006)
N°4 : Version E
Javier Perianes, BBC Symphony Orchestra, dir. Sakari Oramo
HM (2014)
N°5 : Version C
Dinu Lipatti, Philharmonia Orchestra, dir. Alceo Galliera
Warner (1947)
N°6 : Version A
Radu Lupu, London Symphony Orchestra, dir. André Previn
Decca (1973)
Prochainement dans la Tribune des critiques de disques :
12 mai 2024 : Quatuor à cordes n°12 de Beethoven
19 mai 2024 : La Stravaganza de Vivaldi
26 mai 2024 : Nocturnes de Fauré
2 juin 2024 : Madame Butterfly de Puccini
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